Enfin une intégrale des haïkus de Basho
Mon bouquiniste et ami Simon vient de me faire découvrir une œuvre toute récente : L’intégrale des Haïkus du premier grand maître du haïku, encore vénéré au Japon, le poète Basho Matsuo (1644-1694). Il s’agit d’un livre publié en 2012 aux Éditions La Table ronde.
Un conseil immédiatement : Ne vous embarrassez pas à compter le nombre de syllabes de chacun de ces Haikus. Les traducteurs, Makoto Kemmoku et Dominique Chipot, nous préviennent : Nous nous sommes abstenus de rendre trop poétique nos traductions en usant de la métrique ou des rimes. Le haïku japonais étant aux antipode de la poésie française, nous avons voulu en conserver la simplicité, traduire l’ambiance dans la plus grande brièveté et éveiller les sens du lecteur francophone.
Laissez-vous plutôt bercer par ces textes de Basho, qu’il faut lire très lentement, pour vraiment se laisser pénétrer par chacun d’entre eux. Voyez, par exemple, la tendresse de celui-ci :
Attendrissante
La rainette cramponnée à une feuille
Voguant sur l’eau.
Allez, entrons dans cet ouvrage.
La lune pour guide —
Restez donc un peu avec nous
Dans cette auberge !
Vent d’automne —
La porte coulissante
Au son aigu
Les feuilles de roseaux chantent…
Le vent d’automne le leur a enseigné
De bouche à oreille
Le vent souffle —
Le cerisier sauvage a l’air d’un chien
Remuant la queue.
Quelle pluie !
Le bel ermite ne viendrait même pas habiter la lune
Cet automne !
Deux cerfs,
Poil contre poil,
Voluptueusement
Soignez
Un cerisier sauvage
Comme un enfant
Fête de la contemplation de la lune —
Ce soir,
Impossible de dormir
Jeter au feu
Une lettre secrète
Mêlée aux feuilles rouges
L’automne est venu —
Sur l’oreiller
Le vent me salue
Les feuilles rouges
Sous le vent d’automne
De fins papiers chinois écarlates
Jour pluvieux, morne monde…
Sauf au quartier des plaisirs
Avec tous ses théâtres
Premier jour d’automne —
Le chat en papier mâché
A l’air de le savoir
Oh ! une araignée
De quelle voix chante-t-elle
Dans le vent d’automne ?
Regagnant la côte
Sur une feuille, le petit insecte
Où dort-il ?
Un corbeau perché
Sur une branche défeuillée —
Soir d’automne
Quel idiot de penser
Que l’autre monde serait
Tel un soir d’automne
Réveille-toi, réveille-toi,
Je veux devenir ton ami
Papillon endormi !
Avec de jeunes feuilles
J’aimerais essuyer
Vos gouttes de larme
Tant de fraîcheur, de simplicité, de douceur, c’en est émouvant…
Tout à fait, tout à fait. Merci beaucoup, chère Esther. Ça berce, dirait-on. Cet homme était de qualité assurément.
J’y reviendrai. Ce petit livre rassemble plus de 900 de ces courts textes ciselés.