La croyance aux pouvoirs du fer à cheval
Au début des années 1880, au Québec, certains semblent vraiment attacher foi aux bienfaits du fer à cheval. La Gazette de Joliette du 6 octobre 1882 revient sur le sujet.
Ce morceau de fer prend vraiment une importance majeure dans les événements heureux ou malheureux de la vie. Il devient, pour nous servir d’une expression en usage chez les sauvages, le manitou des imbéciles.
Dans les bateaux, on le voit cloué sur le grand mât pour faire éviter les naufrages. Dans les fabriques et les usines, il est fixé sur la chaudière pour empêcher l’explosion. Dans les magasins, on le met auprès de la porte afin d’attirer des pratiques [Ainsi appelle-t-on alors les clients]. On le met à toute sauce tant sa vertu est grande.
Dans le cours de l’été, un commerçant canadien avait loué, d’un protestant, une magnifique maison, pour ouvrir un magasin. Au bout de quelques semaines, ce dernier, grand dévot au fer à cheval, rencontra son locataire et lui dit : «Je pense, Mr, que vous allez faire de fameuses affaires dans ma maison». — Et pourquoi cela, lui dit le Canadien étonné. — C’est que, voyez-vous, répondit le protestant, j’ai eu soin de placer dans votre safe [coffre-fort] un vieux fer à cheval, et d’en faire clouer un autre sur la porte de cave. Avec cela, je vous assure que c’est immanquable, il faut faire fortune.
Le Canadien achète et vend depuis ce temps-là; il ne sait pas encore s’il fera fortune ou banqueroute, mais, à coup sûr, il a assez de bon sens pour savoir que le fer à cheval ne sera pour rien dans l’un ou dans l’autre cas.
Voilà deux fois que le Monde essaie de satisfaire ses questionneurs sur ce sujet. S’il a réussi, il n’a pas satisfait le bon sens. Pour se mêler de répondre convenablement à toutes sortes de questions, il faudrait avoir les connaissances de Pic de la Mirandole — le Monde n’est pas obligé de les avoir.
Nous l’avons déjà dit dans une correspondance précédente : tous ceux qui mettent leur confiance dans la vertu d’un fer à cheval, pour attirer la bonne fortune et éloigner les accidents, se rendent coupables de péché plus ou moins grave, selon l’ignorance plus ou moins grande d’après laquelle ils agissent.
Que cette superstition vienne de telle ou telle pratique religieuse athée, ce n’est pas ce qu’il est important d’expliquer. D’ailleurs, il faudrait une terrible dose de bonne volonté pour trouver, avec le Monde, une ressemblance entre un fer à cheval, armé de pince et de crampons, et une auréole lumineuse qui brille autour de la tête des saints; autant vaudrait dire que la queue d’un cheval blanc ressemble aux rayons de la lune.
Si le Monde veut se mêler de répondre à des questions qui requièrent une certaine connaissance du catéchisme, qu’il l’étudie, sinon qu’il renvoie ses questionneurs aux pasteurs établis pour enseigner la religion et mettre les fidèles en garde contre les superstitions.
Véridique ou pas, ça fait partie de nos traditions et je crois qu’il faut conserver cette croyance.
Le fer à cheval de cet article, cher Monsieur Desmeules, est sur le linteau de la porte de mon étable. Bien sûr que je l’ai laissé là. Je veux garder ces signes, comme les Sacré-Cœur sur les linteaux de mes portes d’entrée de la maison quasi disparus sous les couches de peinture, à l’avant comme à l’arrière. Les gens d’autrefois mettaient leur foi dans de semblables objets, qui rappellent alors ces autres temps.
Monsieur Provencher, j’ai plusieurs fers à Saint-Pierre que je garde précieusement ,fixés à l’endroit où ils ont été placés à l’origine ,des fers d’hiver et des fers d’été.
Pour perpétuer la tradition et peut-être la chance……j’en ai apporté un, ici « en ville » et il semble que ¨ça marche¨……!!