Courte pause avec le moine Sosei Hôshi
Sosei Hôshi, qui vécut fin du 9e siècle — début du 10e siècle, était membre, dit-on, du cénacle classique des Trente-Six Poètes immortels du Japon. Voici quelques poèmes de lui.
Promenant mes regards
Sur les saules et les cerisiers,
Leurs couleurs se mêlent
Et la capitale m’apparaît
Comme un brocart printanier.
Qui connaît
La demeure du vent
Coupable de la chute des fleurs ?
Qu’il me l’indique
Et j’irai tancer l’impudent !
Celui qui doit venir ce soir
Je ne veux pas le voir
Si, comme la Fileuse,
Un temps interminable
Je dois attendre une autre rencontre.
Dans le port
Où le courant accumule
Les feuilles rouges,
S’élèvent des vagues
D’un vif écarlate.
«Je viens tout de suite»
M’avait-elle dit,
Mais jusqu’à l’aurore
D’une longue nuit du neuvième mois
En vain je l’ai attendue.
Je me demandais
Ce qui pourrait servir de graine
À l’«herbe d’oubli» ?
Et voici que c’était le cœur
D’une personne cruelle.
Dégoutée de ce monde
En quel lieu
Apaiser mon cœur ?
En plaine comme en montagne
Il ne connaît pas de repos.
Lorsque, la nuit,
Nous avons vu notre aimée dans un rêve
Même fugitif,
De notre couche, le lendemain
Comme nous lever nous paraît triste !
Les poèmes sont extraits de l’ouvrage Anthologie de la poésie japonaise classique, nrf Poésie/Gallimard, 1971, p. 157. Traduction de G. Renondeau.
L’illustration est celle du moine Sosei, un portrait imaginaire par Shokado Shoja (17e siècle), est déposée au Cleveland Museum of Art et apparaît sur la page Wikipédia consacrée au Sept haï-kaïs.