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Cartes postales obscènes

En 1900, on vit l’âge d’or de la carte postale. Et on en trouve de toutes sortes. À l’occasion, certains les jugent carrément obscènes. Des marchands en paient même le prix. La Patrie du 6 juin 1906 raconte :

Ce matin, on a fait le procès en cour criminelle de Joseph H. Superior, marchand israélite, de la rue Sainte-Catherine, accusé de vente de cartes postales illustrées d’un caractère obscène et de nature à corrompre les bonnes mœurs.

Le premier témoin entendu a été M. A. J. O’Gready, agent de douane de Sa Majesté, qui se présenta au magasin de Superior, le 30 janvier dernier, et acheta 12 cartes qu’il paya une piastre. Quelques jours plus tard, il y retournait en compagnie de M. Jones, inspecteur, d’Ottawa, et en achetait de nouveau.

Ces cartes jugées obscènes par le département des douanes, à Ottawa, il fut décidé de prendre une poursuite contre l’accusé.

Le 5 février, le témoin opérait une saisie et déposait une plainte.

Le second témoin fut le rabin de Sola qui jugea les cartes illustrées très suggestives et d’un caractère absolument immoral.

Le Rev. M. French, de l’Église St-Jean l’Évangéliste, et M. l’abbé Descarries, curé de Saint-Henri, déclarèrent eux aussi ces cartes contraires à la moralité publique.

Superior se défendit lui-même et adressa la parole aux jurés.

Dans son opinion, ces cartes n’offraient rien de suggestif et représentaient le nu artistique. Ces cartes, il ne les avait pas exposées à la vue dans ses vitrines ou dans son magasin. Elles étaient sous enveloppe.

Dans sa charge aux jurées, l’hon. Juge Lacoste a dit que s’ils jugeaient ces cartes d’un caractère obscène, il était temps pour eux de faire un exemple et d’en arrêter la vente à Montréal.

L’accusé a reconnu lui-même qu’il devait y avoir quelque chose de répréhensible à vendre ces cartes, si réellement il a tant pris de précaution pour ne pas les exposer à la vue de tout le public.

De plus, ces cartes ne représentent pas des œuvres d’art, ce sont des photographies d’après nature.

Les jurés n’ont délibéré que deux minutes et sont revenus avec un verdict de coupable.

Superior est passible de deux ans d’emprisonnement pour l’offense qu’il a commise.

Cet après-midi et demain, la cour criminelle ne siègera pas.

 

Deux jours plus tard, le 8 juin, La Patrie écrit :

Mtres N. K. Laflamme et C. A. Wilson représentaient l’accusé Joseph H. Superior, ce marchand israélite, trouvé coupable d’avoir vendu des cartes postales illustrées d’un caractère obscène. Après avoir passé 2 jours en prison, il a été appelé ce matin pour recevoir sa sentence.

Il a été condamné à 50$ d’amende ou à deux mois de prison.

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