Décès du curé Labelle
Le 4 janvier 1891, meurt Antoine Labelle, à l’âge de 57 ans. Pionnier, jamais rebuté par la vie en forêt, il travailla à la colonisation du Nord de Montréal. On l’a d’ailleurs surnommé «Le roi du Nord». Personnage central d’Un homme et son péché, l’histoire de l’avaricieux Séraphin Poudrier, le roman de Claude-Henri Grignon, il était une sorte de force de la nature et la patience n’était pas, semble-t-il, sa qualité première. Un jour d’ailleurs, il donna une «raclée» à son compagnon de voyage, l’homme fort Narcisse Ménard.
Le 15 janvier 1898, dans Le Monde illustré, Léon Ledieu rend hommage au curé Labelle.
Je me souviens de la commotion qui ébranla tout notre pays, il y a six ans, en apprenant la mort si soudaine de l’apôtre de la colonisation, du roi du Nord, du curé Labelle.
Déjà six ans ! comme le temps passe ! il me semble que c’était hier et je revois encore les passants s’arrêter les uns les autres, pour parler de l’événement, de la triste nouvelle qui venait de se répandre en pleine saison des Fêtes. Je le revois encore, ce bon curé, la nuit de son agonie, dans sa modeste chambre, s’épongeant le front en disant d’une voix faible « Ce sont les sueurs de la mort !» et au milieu des hoquets de sinistre augure, murmurant un nom tant aimé : «Maman ! maman !» Quelle nuit ! Quels souvenirs !
Six ans seulement ! Et déjà son nom n’est prononcé que de loin en loin. Personne n’a encore écrit sa vie, et cela s’explique un peu, car il faudrait un écrivain à sa taille pour entreprendre pareille tâche. Sa patrie ne lui a pas encore élevé de monument, et les étrangers qui l’ont connu en Europe demandent en vain où est la statue qu’on lui a érigée.
Et Ledieu de réclamer avec d’autres l’érection d’un monument à Antoine Labelle à Saint-Jérôme.
Le peuple entier de la province de Québec doit se joindre à cette œuvre de bien.
Ce n’est pas seulement aux tueurs d’hommes qu’il faut élever des monuments, on doit penser aussi aux défricheurs des forêts, et nous ne pourrons jamais trop nous rappeler que si tel homme de guerre a mérité de son pays pour avoir tué dix mille ennemis à coups de fusils, le curé Labelle en a fait vivre cent mille avec la charrue.
Dans le Dictionnaire biographique du Canada, on trouve la biographie de Labelle rédigée par Gabriel Dussault.
L’illustration d’Yvan Leduc, celle de la statue du curé Labelle à Saint-Jérôme, apparaît sur la page Wikipédia qui lui est consacrée.
J’ai toujours l’image du curée labelle des belles histoires des pays d’en haut,quel personnage,un conquérant pacifiste!
Tout à fait.
Très joli hommage à ce curé particulier !
Bien oui, n’est-ce pas. J’aime le discours de ce Ledieu à ce sujet.