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Après avoir vécu plus de 200 ans sous les notions de progrès et de rentabilité, appuyés par la technologie…

Il est certain que nous devrons réhabiter notre monde, revenir à la nature, par exemple. Nous n’aurons pas le choix. Un pareil divorce ne peut se prolonger.

L’universitaire et chercheur Jean Onimus (1909-2007) :

J’ai déjà, sous le titre « la grande séparation », montré comment le rationalisme technicien use notre regard et nous isole de la nature. Il use notre regard en l’habituant à n’envisager que l’aspect utile, utilisable des choses, réduisant à rien l’inutile contemplation. Il nous isole en fabriquant un environnement à la fois séparé de la nature et de moins en moins maîtrisé par l’homme.

Nous assistons aux fonctionnements automatiques de notre travail, de notre vie privée, de nos consommations, de nos loisirs, et même de la politique ; l’intervention personnelle ne pourrait que déranger la machine. Ainsi la technique a fini par se glisser partout où nous étions en contact avec le monde, avec les autres, avec nous-mêmes. Elle forme une couche intermédiaire, impénétrable mais commode parce qu’elle nous évite bien des efforts d’accommodation et de coopération.

Même la vie sociale s’efface, c’est-à-dire les relations entre personnes, au profit de relations fonctionnelles, vides de présence. On ne participe plus puisqu’il n’y a plus lieu de participer, nulle part. Jadis, je m’en souviens, l’auto était encore un événement dans une famille, on la contemplait, on pensait l’aimer, on lui donnait un nom. Maintenant ce n’est qu’un outil. On pouvait aimer un cheval (qui, d’ailleurs, était capable de nous aimer) : désormais il faut être débile pour aimer un objet industriel.

Il est évident que le progrès technique nous a libérés et rendus disponibles ; il nous prend en charge dès avant notre naissance et nous délivre d’une quantité de soucis matériels. Pourtant quelque chose ne va pas, notre vie si agitée nous semble vide ; il y a des jours où le confort et la sécurité paraissent futiles auprès d’un manque dont l’évidence ne fait que croître. […]

Oui nous vivons à l’extérieur de tout. Nous voilà atrophiés, infantilisés, mis hors d’état de vivre et même de penser (la machine pense pour nous). […]

 

Jean Onimus, L’écartèlement, Supplice de notre temps, Éditions Desclée de Brouwer, 1979, p. 145-147.

La division en paragraphes est de nous.

Le bourdon tricolore (Bombus ternarius) sur l’image est sans doute une femelle, les mâles venus de ses larves nous apparaîtront quelque part en juin, plus tard que tôt.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Denys Delâge #

    Le Covid 19 en est possiblement une illustration s’il s’avère qu’il s’agit d’une zoonose

    Denys Delâge

    5 mai 2020
  2. Jean Provencher #

    Je pense, je pense.

    5 mai 2020

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