Retour sur le dernier Sylvain-Tesson
Dans les montagnes tibétaines, au grand froid, le géographe et écrivain voyageur accompagnait un copain photographe animalier, qui avait l’espoir de photographier un jour la panthère des neiges.
Finalement, après des jours, ils l’aperçurent ! Cette quête lui fut fort utile, selon lui.
«… j’avais croisé le beau visage de l’esprit des pierres. Son image, glissée sous mes paupières, vivait en moi. Quand je fermais les yeux, je voyais sa face de chat hautain, ses traits plissés vers un museau délicat et terrible. J’avais vu la panthère, j’avais volé le feu. Je portais en moi le tison.
« J’avais appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle aidait à aimer le monde avant de prétendre le transformer. Elle invitait à s’assoir devant la scène, à jouir du spectacle, fût-il un frémissement de feuille. La patience était la révérence de l’homme à ce qui était donné.
« Quel attribut permettait-il de peindre un tableau, de composer une sonate ou un poème ? La patience. Elle procurait toujours sa récompense, pourvoyant dans la même fluctuation le risque de trouver le temps long en même temps que la méthode pour ne pas s’ennuyer.
« Attendre était une prière. Quelque chose venait. Et si rien ne venait, c’était que nous n’avions pas su regarder.
Sylvain Tesson, La panthère des neiges, Éditions Gallimard, 2019, p. 161s.
Vous ne connaissez pas ce bien bel animal, la voici.