Il y a un peu plus de 100 ans, le ciel, la nuit, était aussi bavard qu’aujourd’hui
Et la population appréciait sans doute les informations que lui transmettait la presse.
Ici : Jupiter rencontre Mars.
Les amateurs d’astronomie pourront observer ce soir un rapprochement excessivement rare de deux des principales planètes : Jupiter et Mars. Les deux planètes seront situées dans la constellation des Gémeaux, leur distance minimum étant le 10 28’. En regardant vers l’ouest après le coucher du soleil à environ 50 degrés au-dessus de l’horizon, il sera facile de les identifier ; Jupiter brillant d’une vive lumière blanche, et Mars dont l’éclat a beaucoup diminué à cause de son éloignement, jetant des feux rougeâtres et moins vifs que ceux de l’astre géant.
Rappelons-nous que ces deux astres qui semblent perdus au fond des cieux sont en réalité deux planètes, deux terres comme celle que nous habitons, avec cette différence que Jupiter est 1230 fois plus volumineuse que la nôtre ; qu’elle tourne sur elle-même en moins de 10 heures ! Que son année vaut 12 des nôtres ! que cinq des lunes animées de mouvements variés sont là pour éclairer ses nuits, etc., etc.
Songeons que sa voisine, la planète Mars, est le globe qui ressemble le plus à celui que nous habitons, malgré qu’il soit un peu plus petit ; que la durée du jour, l’inclinaison de l’axe et partant les saisons sont à peu près les mêmes qu’ici ; que sa surface est tellement bien connue par les astronomes qu’ils ont pu en faire des cartes aussi détaillées que nos cartes géographiques !!!
Demain, le 27, la lune sera en conjonction avec la planète Vénus.
C’est là une excellente occasion de reconnaître l’étoile du Berger des anciens, l’étoile du soir des marins et de nos campagnards. Son éclat incomparable en fait l’astre le plus brillant du ciel et suffit à attirer les regards et l’admiration des plus indifférents.
A. Ph. Roy.
L’Électeur (Québec), 26 avril 1895.