Clarice Lispector et Brigitte Fontaine sont des sœurs
Il y a quatre jours, je vous présentais l’écrivaine brésilienne Clarice Lispector et son nouveau livre. J’en ai maintenant parcouru la moitié. Souvent, on dirait Clarice Lispector sœur de Brigitte Fontaine, chanteuse et écrivaine française.
On y retrouve les mêmes types d’envolées, de rage de vivre par moments. Rappelez-vous, ce site avait deux jours d’existence quand je vous ai présenté Chroniques du bonheur, livre-torrent de Brigitte Fontaine publié aux Éditions des Femmes en 1975. Ce livre posthume de Madame Lispector est tout à fait cousin de celui de Madame Fontaine. Exemples.
Je suis la contemporaine de demain.
Et ceci.
J’ai senti la pulsation de la veine à mon cou, j’ai senti le pouls et les battements du cœur et soudain j’ai reconnu que j’avais un corps. Pour la première fois l’âme a surgi de la matière. C’était la première fois que j’étais une. Une et reconnaissante. Je me possédais. L’esprit possédait le corps, le corps battait à l’esprit. Comme si j’étais en dehors de moi, je me suis regardée et je me suis vue. J’étais une femme heureuse. Si riche que je n’avais même plus besoin de vivre. Je vivais gratuitement.
De même que cela.
Le miracle existe : le miracle est une sensation. Sensation de quoi ? De miracle. Le miracle est une attitude analogue à celle du tournesol qui tourne lentement son abondante corolle vers le sol. Le miracle c’est l’ultime simplicité d’exister. Le miracle c’est le richissime tournesol qui explose par la tige, la corolle et la racine — et n’est qu’une semence. Une semence qui contient le futur.
Lire Lispector, puis Fontaine, dans le silence bien sûr, ça déporte.
Clarice Lispector, Un Souffle de vie (pulsations), Paris, des Femmes Antoinette Fouque, 2018. Traduction du portugais (Brésil) par Jacques et Teresa Thiériot.
Cette lecture de l’écrivaine brésilienne Clarice Lispector m’a effectivement déporté.
J’aime beaucoup. Je ferai l’essai dans le silence bien sûr. Son écriture va me chercher dans mon être intérieur.
Merci Jean pour cette belle découverte.
Ah, cher Claude, je suis bien content que Clarice te plaise. J’écrivais à notre ami Denys qu’à la lecture, lorsque nous avons dépassé le fait qu’elle parle d’elle en deux temps, L’Auteur étant masculin et Angela féminine, on entre vraiment dans du grand Lispector.
Belle soirée.
Et tu sais, l’ouvrage est en poche, ou compact, selon le terme que tu utilises, donc moins de 20$.