Les ruses de la Nature
La prédation est une des grandes lois dans le monde des vivants. « Je te mange pour vivre. »
Holà ! Et moi, alors !
Apparaissent à ce moment, au fil sans doute de plusieurs milliers d’années d’évolution, outre la fuite, une résistance, une variété de réponses.
Des papillons s’apparentent à des feuilles, des chenilles se confondent avec l’écorce de certains arbres. Des oiseaux se posent dans un feuillage où il devient fort difficile de les apercevoir. Même un chat arrive à disparaître dans une variété de couleurs.
Ailleurs, autant dans le monde des lépidoptères que dans les autres ordres d’insectes, beaucoup portent le noir et l’orange. Ces couleurs annoncent aux prédateurs qu’ils pourraient bien payer de leur vie le repas tant souhaité.
Se présentent ainsi le Monarque, le Vice-roi, la Belle dame, le Cisseps à col orangé, la Petite Vanesse, et d’autres.
Puis des guêpes dont la piqure peut être mortelle, la Guêpe commune, que les anglais appellent Yellow-jacket, d’autres de la famille des Sphecidae, certains syrphes aux couleurs de ces guêpes comme l’Hélophile suspendu, mais qui ne piquent pas et font aussi peur que les guêpes. Sont du nombre également la coccinelle, la Punaise bimaculée, le Chrysomèle de l’Asclépiade, le Desmocère à manteau, le Caloptère à tache terminale… Ça n’a de cesse.
Même un tout petit puceron surprenant, jouet pour enfant, dirait-on, dont le dessus est un visage étonné, va son chemin dans son « monde-pour-puceron surprenant » et, comme l’écrit Virginie Maris dans son ouvrage La part sauvage du monde, page 203, vit un monde qu’il construit et investit de sens et de représentations, comme chacun des vivants.
Et un ami me dit : « Étrange que nous ayons associé le noir et l’orange pour la fête annuelle de l’Halloween », une sorte de célébration joyeuse de la mort.
Maris, Virginie, La part sauvage du monde, Paris, Éditions du Seuil, 2018.