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Lévis, en face de Québec, sait fêter

Un correspondant anonyme d’un quotidien de Québec est fort heureux de le dire. Formidable document sur la vie autrefois en face de Québec.

Nous sommes en plein carnaval et il semble que cet hiver la vie joyeuse a pris un regain d’animation au point de vue des amusements dans notre ville-sœur : Lévis.

La saison des soirées, des réunions de famille, des bals bat son [plein]. On se réunit en famille, autour du foyer, l’on fait de la musique, du chant, un peu de sauterie, puis le tout est couronné par un bon réveillon, où la fraîche gaieté, la gaieté gauloise, ne cesse de régner.

Les coutumes sociales à Lévis diffèrent beaucoup de celles de Québec. À Québec, on voit souvent des familles ne pas connaître les familles voisines, tandis qu’à Lévis tout le monde se connaît.

Elle existe encore dans une certaine mesure la coutume qui exige l’invitation à une soirée, un bal, une noce, des deux voisins de la maison où a lieu la réunion de famille. C’est un acte de politesse qui est passé dans les mœurs lévisiennes tout comme à la campagne, chez nos braves cultivateurs où, une fois l’an, aux fêtes de Noël et du Jour de l’An, ou dans les jours gras, se donne le fricot traditionnel.

Les sports d’hiver comme les sports d’été ont aussi de la vogue à Lévis, tout comme à Québec.

Par un beau soir d’hiver, alors que la bise est piquante et la lune brille dans un ciel pur et sans nuage, les jeunes gens endossent le costume de raquetteurs et font une sortie dans les rues, flambeau au poing et corps de clairon en tête. D’autres poussent une pointe dans la campagne qui s’étend à perte de vue en arrière de la ville.

Par un beau soir de lune, il est beau le spectacle qu’offrent ces vastes champs recouverts de la neige toute scintillante sous les rayons de la lune. […]

Le patin est aussi le favori de la jeunesse. Aujourd’hui presque tous chaussent le patin, depuis le bambin jusqu’au jeune homme et la jeune fille d’âge moyen.

Aussi il faut voir comme on s’en donne à cœur joie, le soir, sur le vaste miroir glacé du patinoir de la rue Edden.

Ce patinoir est tenu par les anglais de la ville, mais tous y sont les bienvenus, canadien-français comme anglais. Et il arrive souvent qu’un jeune canadien soit obligé, par politesse, de converser en anglais et facilement avec une jeune anglaise qui a bien voulu accepter de faire quelques tours sur le rond au bras de son cavalier. Il en est ainsi pour le jeune anglais qui ne dédaigne pas la jolie canadienne aux joues roses et se fait un plaisir de converser avec elle en français, et dans un bon français.

 

Le Soleil (Québec), 21 janvier 1899.

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