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Le délire d’un astronome

Le quotidien montréalais La Presse a demandé au directeur de l’observatoire de Westmount, M. W. Marsan, un billet sur ce que sera le ciel de janvier 1897.

Dans une partie de son texte, il oppose le soleil à la lune. Extraits.

Le soleil est la source éblouissante de la lumière, de la chaleur, du mouvement, de l’harmonie et de la beauté. C’est lui existe dans la naissance, la vie, le respire [sic], le sourire, la voix, la douceur, le bonheur, la bonté, le dévouement, l’étude, la science, le chant, le rire, la musique, le travail, la production, l’amour, l’union, la fécondité, le repos, le sommeil, la paix, la quiétude et qui s’envole dans le dernier soupir du moribond. […]

La lune visible d’un froid, lequel n’est pas terrestre, cache une lune invisible aux yeux de la chair, mais frappant ceux de l’esprit, parce qu’elle stérilise et refroidit. Voilà le génie du mal, de la laideur et de la méchanceté. Que ceux, s’il y en a, qui n’ont point subi son influence élèvent des échafauds pour les auteurs de la plus belle, la plus noble et la plus grande astronomie.

Les rois de la parole en endurent la souffrance, des autres jouissent d’une joie plus grande que leurs souffrances en mourant martyrs pour affirmer la vérité. La vérité ne porte point de masque, s’incline devant la volonté de personne, recherche ni les places, ni les applaudissement : elle demande seulement à être entendue à la lumière du soleil des soleils, roi des rois de la lumière, et dieu des dieux du jour.

Par notre volonté, nous pouvons déranger la lune dans son cours. Voyons combien nous pouvons davantage contre son influence, C’est elle qui est la cause, dans le haillon du pauvre, la draperie du riche, le lunatique, le voleur, le mendiant, le faussaire, le meurtrier, la colère, l’incendiaire, la haine, les pleurs, le divorce, la folie, la jalousie, la contrainte, l’insulte, la moquerie, l’ignorance, la disette, la famine, les accidents, les abus, l’ivrognerie, l’abstinence, l’injure, l’injustice, les patentes, les coles [sic], les procès, les clôtures, les frontières, les budgets de guerre, et qui arme le frère contre le frère, le père contre le fils et le fils contre le père. […]

C’est encore la lune qui attire les eaux, inonde la terre, fonde des royaumes, constitue des républiques, massacres les innocents, martyrise les chrétiens, bâtit des prisons, construit des cachots, élève des échafauds, excite à la rébellion, rue les royaumes contre les royaumes, écartèle la Pologne, sème dans la Sibérie, les os, le bois franc de l’arbre humain, égorge Cuba, prive une république de la Jeune France et une monarchie de la Nouvelle-Angleterre, et bâillonne une Alsace tant pleurée et une Lorraine si regrettée, pleurant et criant de colère.

 

La Presse (Montréal), 4 janvier 1897.

Je vais vous dire. Je prépare un  livre sur la vie en ce moment. Si, par la suite, il m’était donné un autre bout de vie, j’aimerais m’attaquer à une histoire de la nuit, comment nous avons parlé de la nuit au Québec, comment nous avons « vendu » la nuit au Québec : la voûte étoilée, les planètes, notre consœur la lune, la vie à la noirceur, les nuits d’hiver, celles d’été, et quoi encore. Il y aurait matière. Le nuit est le tiers de nos jours.

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