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Un biologiste nous parle

Humain, tout est dans la manière de s’exprimer qui nous plaît. Une coiffeuse ne décrira pas l’Univers de la même façon qu’une maraîchère. Les couleurs que nous donnons au réel diffèrent.

Dans son ouvrage Une Nuit, l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan décrit avec une quasi tendresse l’Univers le plus lointain que nous ne verrons jamais puisqu’il est en expansion, et que nous sommes nous-mêmes car le matériau qui nous constitue est le même. Le biologiste, lui, y va avec son propre discours, selon sa discipline, et est tout aussi agréable à lire.

Voyons le ton, la formule de Luc-Alain Giraldeau, directeur général de l’institut national québécois de la recherche scientifique (INRS).

Sur l’Univers ?

Toute la matière de l’Univers est sans vie. Même celle qui compose les êtres vivants. Tous les objets de l’Univers sont fabriqués à partir des mêmes atomes individuels, nés graduellement du big bang il y a plus de 14 milliards d’années. Depuis ce temps, les atomes font partie de l’opération de recyclage la plus vieille et la plus gigantesque qui ait jamais existé ! Un atome de ce caillou de l’Arctique se trouvait jadis dans un nuage interstellaire. Un atome de mon muscle cardiaque a peut-être aussi, jadis, fait partie du cerveau d’un tyrannosaure. Nous, les êtres vivants, comme les objets sans vie de l’Univers, sommes faits d’atomes quasiment éternels, recyclés depuis la nuit des temps.

Sur les ancêtres des objets vivants :

Les objets vivants partagent une caractéristique primordiale et nécessaire : chacun procède d’un autre. Tous les vivants, sans la moindre exception, sont le descendant d’un autre. Le lac ne fait pas de descendants lacustres ni la forêt d’enfants sylvestres. Par contre, la bactérie minuscule qui paraît inanimée sous le microscope est vivante, puisqu’elle procède d’une bactérie, comme le pin gris est issu d’un pin gris et le cachalot d’un cachalot. Faits de la même matière que les objets sans vie, les objets vivants ont ceci de particulier qu’ils ont tous des ancêtres.

Sur le vivant lui-même :

Le vivant est une manifestation historique, c’est une interaction, la rencontre d’une mémoire commune et millénaire avec celle de l’anecdote éphémère.

Et sur nos enfants :

Mon fils et ma fille portent dans chacune de leurs cellules les doubles exacts de la moitié de mes brins d’ADN, qui ne sont d’ailleurs pas vraiment à moi puisqu’ils m’ont été légués par mes parents, qui les avaient reçus de leurs parents, et ainsi de suite. Mes enfants portent un ADN dont l’existence remonte bien au-delà de mes arrière-arrière-arrière-grands-parents et dont une part importante leur a été léguée par l’ancêtre du chimpanzé qui, lui, l’avait reçue en héritage de l’ancêtre des primates.

 

Luc-Alain Giraldeau, Dans l’œil du pigeon, Évolution, hérédité et culture, Montréal, Éditions Boréal, 2016, p. 33-35, 41.

Voici cet autre billet portant sur ce livre.

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