Il est là enfin ce livre sur la nuit
Le 20 novembre dernier, je l’espérais. La journaliste Alice Develey présentait l’ouvrage dans le supplément du Figaro, édition du 16 novembre.
Et il est maintenant rentré. Si lire sur la nuit par un grand astro-physicien, Trinh Xuan Thuan, vous intéresse, mettez la patte sur cet ouvrage passionnant. Pour un avant-goût du contenu et du ton de l’auteur, voici :
Dans l’univers, rien n’est immobile, tout change, tout bouge, tout évolue, tout est impermanence. Si nous ne percevons pas cette agitation frénétique des cieux, c’est que les astres sont trop distants, et notre vie trop brève. Les changements ne sont perceptibles à l’œil nu que sur des échelles de temps de millions, voire de milliards d’années. Mais la lumière nous révèle cette impermanence du cosmos. Elle change de couleur quand la source lumineuse bouge par rapport à l’observateur. Si l’objet s’éloigne, elle se décale vers le rouge : les raies verticales se déplacent vers des énergies moindres ; si l’objet se rapproche, la lumière se décale vers le bleu : les raies verticales se déplacent vers des énergies plus élevées. En mesurant ces décalages vers le rouge ou vers le bleu, l’astronome parvient à reconstruire les mouvements cosmiques et à voir valser les étoiles.
La lumière a ceci de merveilleux qu’elle nous permet aussi d’explorer le passé de l’univers, et ce faisant, de comprendre son présent et de prédire son futur. […] Si nous voyons les personnes et les objets qui nous entourent avec seulement une fraction de seconde de retard, le délai pour les étoiles et les galaxies est autrement plus important. Il est d’autant plus grand que les objets célestes sont plus éloignés. Ainsi la Lune nous apparaît telle qu’elle était il y a un peu plus d’une seconde, le Soleil tel qu’il était il y a 8 minutes, la plus proche étoile, Proxima du Centaure, telle qu’elle était il y a 4,3 années, Andromède, la plus proche galaxie semblable à la Voie lactée, telle qu’elle était il y a 2,3 millions d’années. En d’autres termes, la lumière d’Andromède est partie quand les premiers hommes arpentaient la brousse africaine. Et ainsi de suite. […]
Thuan est facile à suivre dans son cheminement sur la nuit. Nous y reviendrons bien sûr.
Référence : Trinh Xuan Thuan, Une nuit, Paris, L’Iconoclaste, 2017, p. 22s.