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La France est remuée par le décès de Victor Hugo

L’écrivain poète, dramaturge et prosateur français meurt le 22 mai 1885 à 83 ans. On lui accordera des obsèques nationales. Et avant le transfert de son cercueil au Panthéon, celui-ci est exposé une nuit sous l’Arc de triomphe. Retrouvons le fil.

À minuit, 200,000 personnes se pressaient aux abords de l’endroit où reposaient les restes de Victor Hugo, qui depuis 6 heures hier matin sont exposés en grande pompe sur un magnifique catafalque noir et argent. La foule remplit presque la place de l’Arc de Triomphe.

C’est pleine lune ce soir ; de temps à autre, ses rayons sont interceptés par de grands nuages, ressemblant à d’immenses voiles de crêpe. La scène est imposante et bien en harmonie avec le deuil national. Il y a environ 300,000 fiacres de massés aux Champs-Élysées et sur les avenues qui débouchent sur la place d’Orléans.

Des centaines de ces voitures légères, en usage par les touristes les jours de fêtes et les réunions de courses, sont remplis de femmes et d’enfants. Ça et là, on voit des échelles appuyées sur les maisons, que d’entreprenants concierges permettent aux particuliers d’escalader moyennant un sou par minute. Des groupes, peu nombreux mais tapageurs, se sont installés à la porte des marchands de vin, pour y passer la nuit à la belle étoile, chantant des couplets du grand poète adaptés sur des airs populaires.

Partout règne un enthousiasme intense ainsi qu’une grande cordialité. […]

La tête du poète repose sur un coussin de velours rouge, sous lequel sont placées les photographies de tous les enfants et petits-enfants du poète ; ceux de Auguste Vaquerie [un poète romantique très proche d’Hugo] et du poète lui-même sont dans des médaillons en bronze.

Douze lycéens montent la garde autour du cénotaphe et se relèvent toutes les heures et une garde composée de jeunes garçons forment aussi un cercle autour du catafalque. Ces jeunes garçons sont les fils d’amis intimes de Hugo. […]

La garnison de Paris sera sous les armes et prendra les mesures nécessaires, afin d’étouffer immédiatement toute démonstration qui pourrait troubler la paix. On  s’attend à ce que le cortège sera le plus considérable qu’on n’ait jamais vu en France.

* * *

Paris, 4 heures. Quoique la pluie ait commencé à tomber durant la nuit et qu’il est probable qu’il pleuvra encore durant la journée, des centaines de milles personnes sont restées dehors depuis la pointe du jour. Les rues et les boulevards par où la procession doit passer sont encombrés.

Des milliers de personnes ont été obligées de bivouaquer en plein air vu que les hôtels regorgent de monde. […]

Jamais Paris a présenté une scène aussi extraordinaire que celle qui s’offre maintenant à tous les regards.

Les châtaigniers des Champs-Élysées sont en fleurs, ce qui forme un immense contraste avec les tentures noires de l’Arc de Triomphe.

Tout le monde portent des vêtements de deuil.

Plusieurs régiments de cavalerie bordent les avenues conduisant au palais de l’Élysée, résidence du président Grévy. Le canon se fait entendre de minutes en minutes, de l’hôtel des Invalides et du fort Valérien.

La foule est calme et il n’y a pas apparence de troubles.

Les socialistes prennent dans les rangs les places que les autorités leur ont assignées.

Des trains chargés de voyageurs, venant de tous les départements de France et de l’étranger, arrivent à tous instants.

 

Le Canadien (Québec), 2 juin 1885.

Voir la page Wikipédia consacrée à Victor Hugo.

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