Extrait d’une rencontre avec le psychanalyste Erich Fromm
Pour terminer une entrevue avec ce psychanalyste, le journaliste Gérard Khoury lui demande :
Si vous regardiez le jeune névrosé que vous étiez à Francfort, et que vous le comparez à ce que vous êtes aujourd’hui, à ce que vous avez accompli, que ressentez-vous ?
Et Fromm de répondre :
Question difficile. Je crois que je commencerais par dire que tout est en nous. Nous sommes le bébé de six mois, nous avons dix-huit ans et nous sommes ce que nous sommes aujourd’hui, en même temps. Nous sommes même ce que nous pourrions être dans dix ou même vingt ans.
C’est peut-être la question essentielle : avons-nous une impulsion suffisamment puissante pour développer le meilleur en nous ? Dans chaque être, il y a un optimum de ce qu’il peut devenir. Tout n’est pas possible et tant d’hommes perdent leur vie à tenter de devenir ce qu’ils ne peuvent pas être, tout en négligeant d’être ce qu’ils pourraient devenir. C’est une perte de temps et un échec. […]
De même, il faudrait pouvoir être conscient de l’effort, et même du courage qu’il nous faudra pour atteindre l’optimum, un peu comme un pianiste sait le nombre d’heures de gammes qu’il lui faut faire pour parvenir à la perfection.
C’est quand même curieux que tant d’hommes s’imaginent que bien vivre ne demande aucun travail.
Le Monde (Paris), 21 octobre 1979.
Le croquis d’Erich Fromm (1900-1980), une œuvre d’Arturo Espinosa datée du 23 mars 2013, apparaît sur la page Wikipédia consacrée à ce psychanalyste américain d’origine allemande.
Ca me ramène au journal de la fin-de-semaine, avec Josée Blanchette sur Alexandre Jardin citant Casanova: « Il m’a fallu du courage pour être heureux. »
Il faut admettre que certains ont des vies plus difficiles que d’autres.