De l’écrivain, poète, journaliste et éditeur Clément Marchand (1912-2013)
Extrait de son poème « Paroles aux compagnons ».
Et vous aussi, mes compagnons, si la tristesse
Envahit sans raison votre cœur et vous laisse
Diminués, sans force, en face du combat
Que vos bras livrent de l’aube au soir ; si le bât
Devient intolérable à l’échine asservie,
Et si parfois, avec aveuglement, la vie
Frappe sur vous des coups trop durs et trop constants,
Songez que je suis là et que je vous attends,
À mi-chemin, pour le partage de la peine,
Puisque, tout aussi bien, le coup qui se déchaîne,
Au lieu de vous échoir, aurait pu me choisir.
Nous mettrons en commun la peine et le plaisir,
Et le fardeau, si lourd aux forces divisées,
Nous le supporterons de nos épaules conjuguées.
Clément Marchand, Les soirs rouges, Poèmes, Trois-Rivières, Éditions du Bien Public, 1956, p. 174. Prix David 1939.