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Parfois, je me demande si nous ne devrions pas un jour être capables de reconnaître le sort passé de plusieurs de nos enfants

Histoire bien sûr de prendre conscience de ce qu’on a fait subir à certains, et peut-être d’entreprendre une grande histoire de nos enfants.

Ce n’est qu’aujourd’hui que nous découvrons les dommages au cerveau venus de l’abandon ou de la violence à l’égard d’un enfant. Il a fallu à beaucoup d’entre eux une grande capacité de résilience, si cela fut possible, pour se rebâtir, prendre plaisir à la vie.

Enfants retrouvés quelque part morts à leur naissance, enfants abandonnés, enfants orphelins. J’évite la plupart du temps ces histoires fort tristes et nombreuses, car vous cesseriez vos visites du site.

Dans la presse québécoise d’il y a un peu plus de 100 ans, on saisit mal la place de l’enfant dans cette société.

Mais voyez ce cas-ci. En janvier 1882, à cause de nombreuses plaintes portées contre Mme Greig, la directrice de l’Institut Hervey à Montréal, qui aurait abusé des « mouches de moutarde » brûlantes sur les enfants orphelins dont elle a la garde, on fait enquête.

Sous le titre « L’enquête sur les sinapismes [les cataplasmes] », le quotidien montréalais La Patrie livre cette nouvelle.

L’enquête commencée au sujet des plaintes portées contre Mme Greig, directrice de l’institution Hervey, se poursuit.

Jusqu’ici, il a été prouvé que l’on  se servait d’emplâtres de moutarde pour punir les enfants et que, dans certains cas, ces sinapismes enlevaient la peau lorsqu’on voulait les ôter. Un autre mode de punition consistait à enfermer et à attacher les enfants dans une cave au charbon obscure, quelquefois jusqu’à deux heures du matin.

Des employés ont en outre déclaré que le lait servi aux orphelins était écrémé et mêlé d’eau, pendant qu’eux-mêmes mettaient la crème dans leur thé.

Madame Greig dit pour sa défense qu’elle n’a pas agi par malice, mais dans le but de maintenir une bonne discipline dans la maison. Les dames du comité de direction lui avaient donné carte blanche. L’enquête se continuera à huis clos samedi soir.

 

La Patrie (Montréal), le vendredi 27 janvier 1882.

* * *

Quatre jours plus tard, Sous le titre « L’Institut Hervey », le quotidien montréalais écrit :

Le comité chargé de faire une enquête au sujet des accusations portées contre Mme Greig, directrice de cette institution, a présenté son rapport hier après-midi.

Il reconnaît que la directrice s’est servi d’emplâtres de moutarde pour punir les enfants, mais l’exonère de tout blâme, sous prétexte que c’est une erreur de jugement, et qu’il n’est pas résulté de mal de ce mauvais traitement.

Quant à l’autre mode de punition, celui d’enfermer les enfants dans une cave à charbon froide et obscure, le comité est aussi d’opinion qu’il n’en est pas résulté de mal et que la directrice est excusable de l’avoir adopté.

De pareilles théories, prêtent, comme on le voit, à discussion.

Le comité, en terminant, dit qu’il regrette les rapports exagérés publiés par les journaux au sujet de cette affaire, et conseille aux dames du comité de direction de déclarer à l’avenir dans un règlement quels modes de punition doivent être adoptés dans l’institution.

Ce comité se composait de M. John Morris, président, du Dr Andres, secrétaire, de MM. A. F. Gault, James Court, John Lovell, John Stirling, S. Carsley, David Morrice, J. M. Smith, Alex Murray et de l’échevin  Mooney.

M. M. Gault, Lovell et Carsley n’ont pas partagé l’opinion du reste du comité.

Il est évident que le comité, composé d’amis et de bienfaiteurs de l’Institut Hervey, a cru agir dans l’intérêt de cette institution en exonérant la directrice de tout blâme et essayant de faire croire au public, effrayé par les révélations qui viennent d’être faites, qu’il ne s’agit que d’une tempête dans un  verre d’eau et de rapports exagérés.

Tant mieux s’il parvient à faire croire cela au public.

 

La Patrie (Montréal), 31 janvier 1882.

Ci-haut, trois générations de la famille Parent, rue Cartier.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Mariette Provencher #

    Whoaw… Formidable que ce trésor de photo familiale ait survécu au temps. Merci pour le partage, Jean. J’suis pas peu fière d’y figurer avec toi. Mais le plus fier d’entre tous, c’est visiblement notre grand-papa Pierre qui a su arrêter le temps sur une photo de sa progéniture ce jour donné. J’adore !

    22 janvier 2018
  2. Jean Provencher #

    Cette famille Parent fut bien attachante !

    22 janvier 2018

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