L’idylle d’une jeune Québécoise et de Signor Ferretti, un prince italien

Voilà quelques jours, le 30 décembre, on apprenait leur rencontre en Italie. Puis, ils prenaient le Barbarossa en route pour Québec.

Leur arrivée dans la capitale est à la une du quotidien montréalais La Patrie.

Les journaux ont fait beaucoup de bruit au sujet d’un vrai roman d’amour auquel ont été mêlés les noms d’un prince italien et d’une jolie Québecoise.

Les dépêches nous ont d’abord informé des prétendues fiançailles de M. Ugo Ferrati à Mademoiselle Juliette Duchesnay, fille du lieut.-colonel Duchesnay, de Québec.

On disait que ce M. Ferrati, fils du prince italien Torlonia, ayant rencontré à Rome Mademoiselle Duchesnay, qui était en promenade avec Mesdemoiselles Pouliot, de Québec, s’en était épris au point de vouloir l’épouser, et devait se rendre à Québec pour demander la main de Mademoiselle Duchesnay à son père.

Comme la famille Duchesnay disait ne rien connaître de cette affaire, on crut à un de ces canards lancés par les agences à nouvelles des journaux jaunes américains.

Or, il paraît maintenant que la nouvelle est absolument fondée, du moins dans ses grandes lignes.

M. Ugo Ferrati, fils du prince romain Torlonia, est arrivé à Québec, jeudi soir, veille du Jour de l’An, et a pris ses appartements au Château Frontenac. Il est allé vendredi faire sa première visite à la famille Duchesnay. Quel a été le résultat des démarches du noble italien ? Personne en dehors de la famille n’en sait rien encore.

Nous tenons, cependant, d’un membre de la famille que les fiançailles n’ont pas encore eu lieu.

M. Ferrati n’est pas un prince comme les autres. Il est le fils du prince romain Torlonia. Ce dernier détient son titre du souverain pontife. C’est un prince romain tout comme feu Honoré Mercier était compte romain. On dit qu’il est le fils d’une nièce de Pie IX.

Mademoiselle Juliette Duchesnay est la fille du lieut-colonel Duchesnay, qui fut un temps commandant du district militaire de Québec. Par sa mère, elle est la petite-fille de feu le juge Tessier. Elle est la nièce de l’hon. Juge Auguste Tessier, de l’hon. sénateur Jules Tessier et de l’honorable juge Chauveau.

M. Ferrati a assisté, samedi soir, en compagnie de Mademoiselle Duchesnay, à la représentation de « La Peccatrice », jouée par la troupe sicilienne à l’Auditorium. M. C. A. Chauveau, avocat, cousin de Mademoiselle Duchesnay, et Madame Chauveau les accompagnaient.

M. Ferrati est un jeune homme brun, que l’on dit âgé de vingt-quatre ans.

La Patrie (Montréal), 4 janvier 1909.