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Depuis Esther Brandeau, il est arrivé que des femmes vivent leur vie habillées en homme au Québec

En voici une nouvelle.

Samedi après-midi, comparaissait en Cour du Recorder [aujourd’hui la cour Municipale] un petit vieillard d’aspect maladif et paraissant avoir 70 ans. Il était accusé de vagabondage, et son procès fut remis à huitaine [sic].

Le prisonnier fut conduit à la prison peu après, et le sergent en devoir jugea opportun de faire transporter à l’infirmerie le petit vieillard dont la santé est chancelante. Mais avant de l’y installer, ordre fut donné de le soumettre au bain traditionnel et de rigueur.

Le prisonnier se rendit à la salle de bain, mais là il se refusa à se prêter à cette formalité, en disant :

« Vous savez, moi, je suis une femme. » Le garde, croyant avoir à faire à un maniaque, insista. Il dut finalement se rendre à l’évidence.

Troublé de cette découverte, il se rendit à la course auprès du gouverneur et lui dit :

« Vous savez bien, le petit homme que vous avez amené à la cour du recorder, eh bien, c’est une femme. »

Et il avait raison. Le prisonnier qui avait donné le nom de William Dubois, s’appelle en réalité Adéline Dubois, âgée de 70 ans.

Elle a raconté son histoire. Il y a 35 ans, elle travaillait sur une barge. Afin d’éviter les railleries de ses compagnons de travail et pour mieux gagner sa vie, elle revêtit la culote et endossa le paletot. Depuis, elle a vécu de son travail comme journalier.

L’homme-femme a été transférée à la prison des femmes où elle attendra son procès.

 

La Patrie (Montréal), 10 janvier 1910.

Au sujet d’Esther Brandeau qui vécut à Québec pendant deux ans, voir ici sa biographie rédigée par l’historien Gaston Tisdel.

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