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Retour sur les années 1970

Elles furent de bien grandes années, où beaucoup nous était proposé. Mais comment pouvions-nous demeurer critique faute de recul, comment ne pas tout gober, comment séparer le « bon grain » des « mauvaises herbes » ?

Ainsi il s’est écrit des textes incroyables chantant sans nuances la grandeur de l’être humain que l’on rendait tout à fait unique, des textes qu’il serait gênant de répéter.

Rappelez-vous l’agronome René Dubos (1901-1982) dans Choisir d’être humain (Denoël, 1974) ; il affirmait que les abeilles et autres insectes ont un mécanisme tellement fixe qu’il limite tout possibilité d’adaptation, laissant entendre que nous, dans notre grandeur, disposions d’un mécanisme d’adaptation.

Aujourd’hui, nous savons que les bourdons peuvent apprendre à jouer au ballon.

Autre exemple. Les Éditions Plon convoquent, durant les années 1970, des spécialistes « du savoir et des connaissances actuelles ». Et l’éditeur publie en 1979 l’ouvrage Renaissance de l’Occident ?, un collectif. Voyez ce qu’échappe sous le thème « La vraie nature de l’homme », le zoologiste Pierre Grassé (1895-1985) :

Tout homme est une unité biologique unique, originale, dont la réplique n’existera probablement jamais dans les temps à venir. (page 107)

Et plus loin :

En apparaissant, le cerveau humain a donné une conscience au cosmos ; ce n’est pas une petite chose. Einstein, dont le génie me fascine, a dit que ce qu’il y a de plus merveilleux dans l’univers, c’est qu’il soit compréhensible. Mais n’est-il pas plus merveilleux encore qu’il y ait un organe pour le comprendre ? En cela réside la noblesse, la grandeur de l’homme ; qui ne le sent pas n’est pas digne du nom d’homme. (page 119)

O la la ! Un jour, nous ne pourrons pas éviter de revoir les sentiers des années 1970, années d’abondance, pour prendre conscience qu’il ne fallait vraiment pas tout prendre pour vérité. Les constats que nous ferons nous aideront à être encore plus prudents sur la bête que nous sommes.

 

Maiestra, Renaissance de l’Occident ?, Paris Plon, 1979, 324 pages.

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