Le recueil d’un ami
Mon cher ami François, ami depuis une certaine éternité — il se souvient encore de m’avoir aidé à peinturer ma maison en jaune en 1976 — vient de publier son quatrième recueil de poésie. J’aime beaucoup, je le lui ai dit déjà.
On y trouve un certain discours sur la nuit et ça me plaît, car c’est un moment du jour qui me passionne et bien rares sont les personnes parlant de la nuit. Je rêve même d’une histoire de la nuit québécoise. Mon ami Luc Bureau nous a déjà donné Géographie de la nuit.
François propose ses poèmes en cinq parties : Images noires, Au seuil d’une fontaine, Appels d’air, Une chambre, Le lointain.
Attardons-nous un brin à la partie Le lointain. Ça approche le zen, parfois c’est du Dickinson aussi. Avant-goût.
Ils nous laissent rôder
sachant que nous n’avons
pas d’endroit où aller
Ils nous laissent parler
Nos mots ne leur font pas peur
car ils n’entendent pas
ce que nous disons
Ils ne nous voient pas
imaginer le lointain.
* * *
Nous ne renoncerons
à aucun temps
Nous écoutons les fables
s’éloigner de leur origine
Nous invitons nos idées
à la table de la nuit
Nous demeurons
au moment d’arriver
* * *
Il y a tant de routes
qu’on ne les voit plus
Partout le même sol battu
Et sous la terre
la terre encore
compactée par nos pas
La pluie ruisselle
* * *
Notre lenteur
nous fragilise
Mais nous voulons
un à un
chacun de nos pas
* * *
Nous ne voulons pas
nous éloigner des astres
L’immensité est notre seul repère
François Dumont, Battements, avec des gravures de Francisco de Goya, Montréal, Éditions du Noroît, 2017.
Merci, cher François.
Le mystère de la nuit !
Ça me donne envie de me le procurer
Bel ouvrage, bel ouvrage.