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La Saint-Jean à Montréal en 1903

Malgré une pluie menaçante, la foule s’était transportée énorme au parc Lafontaine, mardi soir, veille de la fête nationale.

Il s’agissait pour le peuple de profiter de l’occasion unique qui lui est offerte de se réunir une fois l’an, et d’échanger des impressions ; il s’agissait de contempler le feu de la St-Jean, une institution historique si vieille que son régime se perd dans la légende, et qui met la joie au cœur.

Le vaste champ qu’est le parc Lafontaine se remplissait peu à peu d’une foule joyeuse qui se promenait et admirait les pièces de pyrotechnie qu’on lançait dans les airs. Les estrades étaient encombrées de spectateurs. Une excellente musique jouait les airs nationaux, tandis qu’un chœur fort de 200 voix, sous l’excellente direction de l’échevin Hébert, chantait à pleins poumons tous les chants canadiens.

À dix heures précises, malgré quelques gouttelettes de pluie, la vraie fête commença. En l’absence de l’hon. Sénateur Béïque, président de l’association St-Jean-Baptiste, Son Honneur le maire Cochrane mit le feu au bûcher, que Mgr Gravel bénit du haut de l’estrade et qui, en quelques instants, fit une flambée joyeuse dans la nuit.

Pendant ce temps, la musique et les détonations pyrotechniques égayaient les esprits. L’échevin Hébert, l’organisateur de la démonstration au parc Lafontaine, fit un discours très enthousiaste et très patriotique qui fut salué par de frénétiques applaudissements.

Le R. P. Adam, S. J., curé de l’Immaculée-Conception, fit ensuite un long discours, expliquant ce que c’était que la fête nationale, et profitant de l’occasion pour dénoncer [un] certain journalisme, anti-patriotique, prétendit-il, et déblatérer un brin contre la France contemporaine.

La démonstration de mardi soir se termina joyeusement, malgré quelques grains de pluie qui fit se retirer un peu plus à bonne heure la foule qui s’était assemblée là.

Sur toutes les rues qui bordent le quartier Lafontaine, l’illumination des domiciles était splendide ; ce n’était partout que drapeaux, guirlandes et arabesques lumineuses de lanternes vénitiennes et chinoises.

 

Le Canada (Montréal), 25 juin 1903.

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