« L’importance du temps long en écologie »
Accorder le temps à la Nature. Elle le prendra pour elle, ce temps, si on le lui donne. Lui permettre aussi le plus de liberté possible. Qu’elle choisisse elle-même les voies où elle s’engagera, et ce faisant définisse un lieu comme sans doute nous ne l’avions pas imaginé.
Voilà un moment que je m’attarde à une réflexion pour ce billet.
Il y a maintenant des endroits dans le monde où les scientifiques laissent des milieux à leur sort, se contentant de prendre note de ce qui s’y développe, sans guère de présence humaine. Rappelez-vous la forêt branchée de Harvard. On épie « chaque détail du métabolisme naturel » de ce lieu.
S’attarder. Observer. Simplement. Pour apprendre ce qui ne nous fut pas donné depuis des milliers d’années : l’absence de volonté de domestication. Et ses résultats.
Chez moi, voilà plus de 40 ans que je regarde.
Cette année, je viens d’apprendre beaucoup de la floraison des arbres qui définit leur espace, annonce les dimensions de leur présence. Mes pruniers, par exemple, qu’un fonctionnaire me recommandait en 1976 de couper et brûler parce qu’atteints du nodule noir, une maladie fongique très commune dans les milieux humides, ont maintenant doublé l’espace qu’ils occupaient à mon acquisition de ce lieu. Ils ne portent plus leurs épines de 1976 semblables à celles de l’aubépine et un ami me disait, l’an dernier, que les fruits qu’ils ont produits complètement pour la première fois seraient des mirabelles. Ils auraient donc franchi le passage de la prune à la mirabelle, des cousines, se libérant ainsi du nodule noir. « Ensauvagés », ils ont toujours la couleur extérieure de la prune, mais celle intérieure de la mirabelle, s’assurant ainsi la durée.
Je trouve aussi sur mon grand terrain quatre endroits où pousse l’Amélanchier du Canada (Amelanchier canadensis, Canadian Chuckleberry), alors qu’on n’en apercevait un seul voilà quelques années.
Chez les plantes, le Trille dressé, qu’on dit aussi Trille rouge (Trillium erectum, Red Trillium) aux trois pétales de couleur pourpre, poussant dans des zones ombragées, se retrouve à cinq endroits plutôt que trois l’année dernière.
Tout ce terrain, qui n’a jamais connu la cognée ou même la scie depuis 41 ans, non plus que des interventions directes d’herbicides ou de pesticides, est à se définir lui-même, avec tout ce qu’il porte de vies.
J’aime beaucoup cet article qui souligne l’importance du temps pour la nature et de l’observation pour l’homme. J’y crois énormément !
Bonne journée Jean.
Merci beaucoup, cher Claude, de ce mot. C’est incroyable ce que la Nature arrive à développer sans même notre présence. Mais il lui faut le temps, que nous ne soyons pas là à la presser d’agir et d’agir, et dans la direction que ce que nous, nous espérons.
Il nous faut développer cette philosophie, apprendre.
Amitié à toi.