Il existe tant de premières dans l’histoire du monde
Pour nous, humains, la première mise en terre d’un des nôtres. La découverte du feu et la fabrication d’une première torche. La première bête à nous accompagner dans nos vies quotidiennes. Les premières questions que nous nous sommes posées, la nuit venue, regardant le ciel.
Mais il y a plus. Voilà quelque 5 000 ans, bien avant la Bible, l’Ancien Testament et le miracle grec, les Sumériens, en Mésopotamie — le sud de l’actuel Iraq — ont inventé l’écriture, fondé les premières Cités-États, formulé les premiers codes de lois et réuni les grandes légendes mythologiques ou récits mythiques qui couraient dans les populations.
Sous d’autres noms qu’aujourd’hui, on retrouve Hercule qui saura vaincre les monstres qui terrorisent l’humanité, Icare qui va en prendre toute une, Prométhée à l’espoir impossible, le Paradis terrestre et la faute des hommes qui provoqua le Déluge. Arrêtons-nous donc à ce dernier moment.
Selon Jacques Pirenne (dans Civilisations antiques, p. 56), la description de cet événement, que suivit de près la Bible, est « une des plus belles pages de la littérature sumérienne ».
Retrouvons-nous dans l’ouvrage de Samuel Noah Kramer, L’histoire commence à Sumer, préface de Jean Botéro, Paris, Flammarion, 1994. Attention, Kramer a travaillé plus de 30 ans à décrypter à travers nombre de cailloux l’écriture sumérienne. Aussi tout est morcelé.
Il faut savoir d’abord que les dieux ont pris la décision de provoquer le Déluge.
Lorsque le texte redevient lisible, nous apprenons que cette décision cruelle a mécontenté et chagriné certains dieux. Puis nous faisons la connaissance de Ziusudra, le « Noé » sumérien. C’était, dit le poème, un roi pieux, craignant les dieux, toujours attentif aux révélations transmises par les songes et les incantations. […]
Le Déluge…
Ainsi fut traité….
Alors Nintu pleura comme un…;
La divine Inanna entonna une lamentation pour son peuple.
Enki prit conseil de soi-même.
An, Enlil, Enki et Ninhursag…;
Les dieux du ciel et de la terre
prononcèrent les noms d’An et d’Enlil.
Alors Ziusudra, le roi, le guda [un titre sacerdotal] de…,
Construisit un gigantesque…
Humblement, obéissant, avec respect, il…;
Occupé chaque jour, constamment il…;
Amenant toutes sortes de rêves, il…;
Invoquant le ciel et la terre, il…
…les dieux, un mur…;
Ziusudra, debout à son côté, écouta.
« Tiens-toi près du mur, à ma gauche…;
Près du mur, je te dirai un mot, écoute ma parole;
Prête l’oreille à mes instructions :
Par notre…l un Déluge va envahir les centres du culte
Pour détruire les semences du genre humain…
Telle est la décision, le décret de l’assemblée des dieux.
Par l’ordre venu d’An et d’Enlil…,
Sa royauté, sa loi, un terme y sera mis. » […]
Toutes les tempêtes, d’une extraordinaire violence,
firent rage en même temps.
Au même instant le Déluge envahit les centres du culte.
Lorsque, durant sept jours et sept nuits,
Le Déluge eut balayé la terre,
Et que l’énorme bateau eut été ballotté
par les tempêtes sur les eaux,
Utu sortit, lui qui dispense la lumière
au ciel et sur la terre.
Ziusudra ouvrit alors une fenêtre de son bateau énorme,
Et Utu, le Héros, fit pénétrer ses rayons
Dans le gigantesque bateau.
Ziusudra, le roi,
Se prosterna devant Utu;
Le roi lui immola un bœuf et tua un mouton.
Ici, la cassure de la tablette interrompt le texte une fois encore. […]
Ce texte apparaît dans les pages 203-204 du livre de Kramer. L’illustration précède ce texte.
Merci, chère Christiane, de votre aide pour débroussailler tout cela.