Tout va basculer maintenant

Chaque année, à ce temps-ci, le temps se répète. Voilà plus de 40 ans que je l’observe. Un lourd silence a pris place. Sauf quelques corneilles, les oiseaux ne disent mot.

Le ciel est couvert. Il ne vente pas. Le soleil ressemble davantage à la lune. S’en va-t-on quelque part ou est-ce la fin du monde ?

Comme si la nature nous larguait, ne tenait plus à témoigner, nous laissant à nous-même. On dirait certaines couleurs de novembre.

C’est qu’on s’apprête à verser.

Les chatons de saule seront là très bientôt. Attentifs, nous pourrons apercevoir l’Alouette cornue en bordure des routes de campagne, elle qui court rapidement sur la neige, bossue, dirait-on. Chanceux, nous verrons peut-être repasser les Bruants des neiges remontant vers le Nord. Et puis, sans qu’on ne le sache, tiens les premiers oiseaux noirs entreront. Silencieux au début, gênés, dirait-on, mais il en faudra seulement quelques-uns pour donner la note, briser ce grand silence, et commenceront leurs concerts. À distance, un premier tamia, étonné, fraîchement sorti de terre, me regardera. Une poignée de morceaux d’arachide l’attend déjà. Sera venue une nouvelle brassée de manifestations.

Toute cette neige commencera vraiment à fondre. Une autre nature prendra place, elle qui nous mènera vers l’été.

Cher carousel. Cher merry-go-round. Toujours à nous emporter. Nous répétant constamment que nous sommes bien du voyage.

Et ainsi la chatte ne cesse de se peigner.