On «chante» rarement la rue du Sault-au-Matelot à Québec

Qui sait que, pendant plus d’un siècle, elle fut celle des Tonneliers. Y passant, on s’enfargeait même dans ce contenant universel tellement ils étaient nombreux.

Puis, après le déclin du tonneau, la rue est devenue celle des imprimeries et des relieurs de grand talent.

Le Quotidien Le Canadien est entré dans une de ces boutiques de reliure.

Nous avons visité l’établissement de M. Lafrance, relieur, sur la rue Sault-au-Matelot, Basse-Ville, et nous avons admiré les travaux qu’on y exécute. Les ouvrages de littérature et autres prennent sous la main de cet habile relieur une forme qui plaît et que l’on revoit toujours avec plaisir : c’est le véritable système français que M. Lafrance met en pratique et certes ! il réussit parfaitement bien.

Dans cet établissement, on compte douze à quinze jeunes filles et autant de jeunes gens qui ont une parfaite connaissance du métier.

On y voit toutes les machines nécessaires à ces sortes de travaux, de sorte que cet atelier est tenu sur un haut pied de première classe.

Le patron et les employés se signalent par une très grande politesse à l’égard des étrangers.

En résumé, c’est un établissement supérieur. Quand on dit qu’un livre a été relié par M. Lafrance, c’est tout dire. L’éloge est mérité, car les ouvrages de M. Lafrance ont été couronnés dans les expositions, notamment à Paris, où notre relieur Canadien a mérité une médaille d’honneur. Et pourtant les Français excellent dans l’art de la reliure.

Le Canadien (Québec), 24 janvier 1882.

Tiens, passant dans la rue du Sault-au-Matelot, arrêtons-nous aussi chez ce cher Henry Muchemore. Dans un des bien beaux mandats que j’ai eu un jour, j’ai découvert ce maître voilier, cet homme attachant à l’âme heureuse, j’en suis certain.

Cette rue, du Sault-au-Matelot, adossée au cap rocheux, fut longtemps occupée par de fins artisans.