Poésie japonaise classique
N’avait pas clairement frappé
Les yeux,
Mais au mugissement du vent
On est bien obligé de comprendre.
Fujiwara no Toshiyuki
La blanche rosée
N’a qu’une couleur :
Comment
Teint-elle de mille nuances
Les feuilles d’automne ?
Fujiwara no Toshiyuki
Plus vite qu’on ne voit
Se disperser sous le vent
Les feuilles d’érable,
Passe, éphémère,
La vie de l’homme.
Ôe no Chisato
Qui connaît
Le demeure du vent
Coupable de la chute des feuilles ?
Qu’il me l’indique
Et j’irai tancer l’impudent !
Le moine Sosei
Fleurs de cerisier
Du village de montagne
Où personne ne vient vous voir,
Fleurissez donc plus tard
Quand les autres seront tombées !
Ise
Quand souffle le vent
Les feuilles rouges tombent
Sur l’eau si limpide
Que le fond reflète
Celles restées sur l’arbre sans tomber.
Ôshikôchi no Mitsune
Sur le torrent
Le vent a tendu
Un barrage.
Ce sont les feuilles rouges
Qui n’ont pu s’écouler.
Harumichi no Tsuraki
Au fond de la montagne,
Traversant les feuillages rouges,
Le cerf brame,
Quand on entend sa voix
Comme l’automne paraît triste !
Anthologie de la poésie japonaise classique, traduction, préface et commentaires de G. Renondeau, Paris, Gallimard nrf, collection Unesco, 1971. Déjà nous avions puisé, le 12 décembre 2015, dans cet ouvrage.