Voulez-vous en apprendre sur la solitude ?
Oui, je sais, quelque chose chez lui vous effraie. Voyons, il est tout à fait sans malice. Il va sa vie sans mépris d’aucune sorte.
Il n’a jamais imaginé que vous puissiez être un ennemi, pareille conception d’autrui n’est pas de son monde. Plutôt que de le craindre, saluez-le au passage et réjouissez-vous de sa présence. C’est une bien brave bête.
Son vol vous apparaît désordonné et vous avez peur qu’il vous frappe ? Allez, cela ne s’est jamais produit. Malgré cette grosse machine, c’est l’habileté même. Le colibri, si petit, se déplaçant à une vitesse folle, a sans doute appris de lui.
Au contraire de l’abeille, de la guêpe et de la fourmi, il n’appartient à aucune entreprise, n’est le sujet d’aucune reine. Et, depuis le début de ses jours, il sait que, toujours, il ne devra compter que sur lui-même.
Et, de son sort de travailleur autonome, il ne semble pas se plaindre. Dès son apparition au printemps, il part à la conquête de suc. Pour sa vie, bien sûr. Chez moi, cette année, il était là le 4 mai, sans qu’aucune fleur ne soit encore apparue. Sans doute pouvait-il compter sur ses réserves. Je l’observais. Il allait partout, il fouillait même dans les fêlures d’un arbre, d’un caillou, explorait le dessous des feuilles au sol, feuilles fanées de l’an dernier ou feuilles nouvelles. Je l’aurais applaudi.
Et il est un des grands pollinisateurs, dont on ne parle à peu près jamais.
* * *
Un jour, m’assoyant sur le rebord de la galerie avant, je posai ma main gauche sur un bourdon qui était déjà là. J’allais l’écraser et il me piqua dans le creux de la main. La piqure fut aussi anodine que celle de l’infirmière pour un bilan de santé. Aucun élancement ni enflure comme ce que j’avais vécu de la piqure de guêpe, quelque temps auparavant.
Par ailleurs, en septembre 2010, alors que des bourdons semblaient butiner sur la galerie avant dans les restes d’eau sucrée tombée des abreuvoirs à colibri, je leur ai servi, à leur bonheur, une assiette de ce liquide. Et ils s’empressèrent de venir s’y nourrir, certains même d’y mourir, la fin de leurs jours étant sans doute arrivée.
L’émission-télé La semaine verte de Radio-Canada a consacré un reportage aux bourdons, reconnus pour avoir la capacité à faire vibrer la fleur, ce qui permet de faire tomber plus de pollen et de féconder plus de fleurs que l’abeille.
Demain : le bourdon par l’écrivain Miguel Zamacoïs.
Comme vous, j’ai salué mon premier bourdon il y a une semaine. Il volait ici et là dans les lierres terrestres qui abondent. J’ai bien tenté de le prendre en photo, mais il était trop impatient pour une pose.
Bonne journée ensoleillée !
J’aime tant le bourdon.
Belle soirée à Vous !