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L’histoire de l’homme dans la lune

Homme dans la luneOn vous a assurément raconté un jour, alors que vous étiez enfant, l’histoire de l’homme dans la lune. Voici les variantes proposées par l’hebdomadaire montréalais L’Opinion publique.

Parmi les superstitions qui sont restées dans l’esprit humain, il n’en est peut-être pas de plus universelle que celle de l’homme dans la lune. En Angleterre, il figure surtout dans les contes de nourrices, mais ils ne racontent pas son histoire. Les légendes allemandes sont plus explicites, et les traditions varient dans les différentes parties du pays.

À Derendingen, les mamans racontent à leurs enfants qu’il y avait une fois un homme qui travaillait à sa vigne un dimanche et qui, ayant ramassé toutes les branches mortes, il les avait mises dans un panier et s’en était retourné chez lui. Une autre version dit qu’il avait dérobé les vignes de son voisin. Quand on l’accusait d’avoir volé ou d’avoir travaillé le dimanche, il protestait fortement de son innocence, et finalement un jour il s’écria : 

— Si je l’ai fait, que j’aille dans la lune !

Après sa mort, il y fut transporté et il y est encore pour son châtiment.

Les paysans de la Forêt Noire disent que les taches noires sur la lune sont causées par l’homme qui y est retenu. Il a volé du bois un dimanche, croyant n’être pas surpris ce jour-là par les gardes forestiers. Mais il fit la rencontre d’un étranger, qui n’était autre que Dieu lui-même, et qui, après lui avoir reproché sa profanation du dimanche, lui donna à choisir d’être banni dans le soleil ou dans la lune.

L’homme choisit la lune, aimant mieux geler là que de brûler dans le soleil, et c’est ainsi que le Besenmânule se voit dans la lune avec son paquet-fagots sur le dos. Quelques-uns disent que le Tout-Puissant alluma les fagots et qu’ils brûlent toujours afin que l’homme ne gèle pas. À Waltenbourg, dans le pays des Grisons, l’histoire est un peu différente. On y raconte qu’une pauvre femme supplia un «Tenner» de lui donner un peu de lait et qu’il la refusa brusquement. Alors elle lui souhaita d’aller dans l’endroit le plus froid qui est la lune, et on l’y voit avec sa chaudière à lait.

L’homme de la lune figure souvent dans les légendes du nord de l’Allemagne. Kuhn raconte la tradition suivante qui a cours dans le district de Havel. Une fois, la veille de Noël, un paysan, pris d’un ardent désir de manger du chou et n’en n’ayant pas, en déroba dans le jardin de son voisin. À peine avait-il rempli son panier qu’il vit passer près de lui, monté sur un cheval blanc, l’Enfant Jésus qui lui dit : «Pour avoir profané cette sainte nuit, en volant ton voisin, tu vas être immédiatement transporté dans la lune où tu resteras éternellement assis sur ton panier plein de choux». La menace fut mise aussitôt à exécution et le criminel est encore là, subissant son châtiment.

À Saderborn, en Westphalie, le crime ainsi puni n’est pas le vol; l’homme de la lune a voulu empêcher les gens de se rendre à l’église le jour de Pâques, en plaçant un buisson d’épines dans une barrière qu’il fallait franchir pour arriver au temple.

Dans les environs de Wittinger, on dit que l’homme de la lune a fait des balais le Jeudi-Saint; et, à Deilinghofen, qu’il a travaillé à sa récolte le dimanche.

Dans le Limbourg, il y a différentes versions, entre autres que l’homme de la lune a volé du bois un matin de Pâques; tandis qu’à Henner, en Westphalie, on dit qu’un Vendredi-Saint un homme s’est mis à faire une clôture à son champ et, qu’à peine avait-il commencé qu’il fut transporté dans la lune avec un paquet de branches qu’il tenait à la main.

Quelques paysans prétendent qu’il y a dans la lune non seulement un homme avec sa fourche et ses fagots, mais aussi une femme faisant du beurre. C’est le mari et la femme qui ont tous deux péché contre le repos du dimanche, lui en travaillant à son champ et elle en faisant du beure, au lieu de se rendre à l’église pour l’office divin.

 

L’Opinion publique (Montréal), 1er mars 1883.

L’écrivain québécois Charles-Marie Ducharme a aussi sa version de l’homme dans la lune.

L’illustration provient du livre scolaire Mon premier livre de lecture (Montréal, Librairie Granger, 1935), de Marguerite Forest et Madeleine Ouimet.

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