La vie de mon cèdre
Nous le savons, l’arbre ne peut pas voyager. Pour se protéger de l’hiver, quand la plupart des animaux se terrent et hibernent ou préfèrent émigrer, l’arbre, lui, prend des dispositions contre le froid.
Déjà, à la fin de l’été, il fait provision dans le tronc, les racines et les branches, de réserves amidonnées, en vue de la prochaine poussée printanière. Ses tissus, beaucoup moins lâches qu’au printemps, contiennent moins d’eau. Ainsi la dilatation de l’eau sous l’effet du froid sera moins à craindre. Même l’écorce lui fournit protection. Formée de cellules cylindriques et sèches, elle crée un coussin d’air qui isole du froid. Ainsi pourvu, l’arbre pourra facilement traverser l’hiver. À moins de changements subits de température.
Il me faut vous dire que, depuis le mois de mai, j’entretiens une relation particulière avec mon cèdre [on appelle ainsi au Québec le Thuya occidental (Thuja occidentalis, White cedar)]. Je n’en possède qu’un seul, celui-ci, un cadeau de mon amie Christiane qui, lors d’une de ses visites voilà des lunes, avait apporté un tout petit plant.
Depuis sept mois, quotidiennement, à chacune de mes présences, je lui rends visite au sud-est du terrain. Bien sûr que je lui parle et que je flatte ses palmes et les nettoie des feuilles tombées. Il me semble que nous vivons nos vies ensemble. Il m’est précieux.
À ma grande surprise, à tant le fréquenter pour bientôt mieux le connaître, j’ai appris qu’il se prépare lui aussi à l’hiver bien qu’il ne soit pas à feuilles caduques.
Cette semaine, voilà l’allure qu’il présentait. Comparez cette image ci-haut à celle de la fin de ce billet prise au mois d’août. Il y a quatre mois, il était tout relâché, tout offert, tout proposé. Depuis, il s’est ramassé, s’est resserré, si lentement qu’il ne fut pas possible de percevoir sa façon de faire au fil des jours. Et le voilà maintenant prêt pour l’hiver.
Je n’ai pas manqué de lui dire qu’il est coquin.
P. S. Jamais cet arbre n’a eu de tuteur. C’est lui qui choisit sa vie.
Bonjour M. Provencher, j’aime votre touchante histoire avec votre cèdre.
Nous n’en avions qu’un seul lorsque nous avons acheté notre maison voilà 3 ans. Un seul, mais un très grand, qui sert de refuge aux volées d’oiseaux qui se nourrissent ces temps-ci particulièrement, à tel point que je dois remplir les mangeoires tous les jours !
Mais pour en revenir aux cèdres, j’en ai planté douze l’automne dernier, de la grosseur du vôtre environ et j’ai bien hâte de voir leurs nouvelles pousses ce printemps, bien nourris qu’ils sont au riche compost maison. Et peut-être que si je leur parlais comme vous le faites, ils en seraient encore plus beaux et heureux !
J’aime beaucoup le toucher et lui parler. Depuis quelques années, nous découvrons que la perception existe chez les plantes et qu’elles échangent même entre elles. Aussi, j’essaie d’en prendre bien soin.
Bravo pour vos cèdres. Cet arbre est vraiment très étonnant; il est capable de pousser dans des endroits très humides, aussi bien qu’à flanc de falaise, un milieu très sec.