«Apprivoiser le serin»
Je me demandais, avez-vous déjà gardé un canari en cage chez-vous ? Je sais qu’autrefois, quand l’automne venait, n’entendant plus les oiseaux d’été depuis un moment, on aimait se procurer un oiseau chanteur, une présence dans la maison pour traverser le prochain hiver. Les éleveurs d’oiseaux, qui s’annoncent alors dans les journaux, nous le disent.
Horace Têtu, bien de son temps, publie à Québec en 1906 ce qu’il dit être un «opuscule» de 85 pages tiré à 400 exemplaires : Oiseaux de cage.
Extrait de cet ouvrage les quelques lignes sur l’apprivoisement du canari.
Le meilleur moyen d’apprivoiser le serin, c’est de le prendre bien jeune avant sa sortie du nid, (il y a des personnes qui le prennent pour l’élever quand il n’a que quelques jours seulement) quand il est en partie recouvert de ses plumes; on l’élève alors soi-même en pourvoyant à sa subsistance, c’est-à-dire qu’on remplit, autant que faire se peut, l’office d’une mère.
Voici comment on doit s’y prendre. On dépose le petit oiseau dans un nid, dans le fond duquel on a pris soin de mettre de la ouate que l’on doit coudre autour du nid pour que le petit soit plus commodément couché.
La nourriture du bipède destinée à l’apprivoisement se compose ainsi : on fait cuire un œuf bien dur, puis on prend le jaune avec un peu du blanc de l’œuf que l’on écrase ensemble; on y ajoute un peu de farine d’avoine; on mélange le tout avec de la crème de manière à en faire une espèce de bouillie.
Pour donner à manger au petit oiseau, on se sert d’une petite plume d’oie que l’on taille en pointe; on remplit ensuite le tuyau de la plume avec de la nourriture que l’on ingurgite lentement dans le bec de l’oiseau. Il faut que ce soit peu à la fois mais souvent.
Le bipède par ses cris et ses trépignements d’ailes nous avertit quand vient le temps de lui donner à manger; quand il est rassasié, il cesse de crier et de battre des ailes.
À mesure que le petit oiseau grossit, prend des forces, il devient de moins en moins farouche; il se laisse alors passer la main sur le dos sans broncher.
On nourrit de la sorte le petit oiseau que la mère jette en bas du nid, avant qu’il ait la force de se percher.
On peut habituer le serin à se percher sur nos doigts ou à se poser dans notre main; à manger dans notre bouche. Il y a des serins à qui on est parvenu à faire faire le mort et ensuite on faisait semblant de le dépecer; la petite créature se laissait faire comme si de rien n’était.
Un jour, il faudrait bien que je vous raconte comment mon amour des oiseaux m’est venu, enfant, du soin qu’il me fallait donner à une femelle canari bien âgée.
Ho! Que j’aimerais mettre la main sur ce livre un jour !!!
Je Vous souhaite, chère Vous, de le dénicher un jour quelque part. Chez un bouquiniste. Ou, qui sait, sur internet. J’ai eu le mien pour 5$ chez un de mes bouquinistes. Au sujet d’internet, soyez prudente, il me semble l’avoir vu à 75$. Mais si Vous êtes la fille de Crésus, allez-y alors. Moi, ici, je ne suis ni Crésus, ni son fils.
Il y a quelques semaines encore, j’ignorais absolument l’existence de ce petit livre.