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Une version anglaise acceptable de la chanson «Un Canadien errant»

national ballads of Canada

Voilà un peu plus de 100 ans, on ne permettait guère que la magnifique chanson Un Canadien errant soit modifiée. L’abbé François-Xavier Burque, curé de Fort Kent, dans l’État du Maine, prenait plaisir, par exemple, à écrire sur la chanson québécoise en général et, au besoin, à en modifier quelques-unes.

Toutefois, quand il a proposé une nouvelle version d’Un Canadien errant, il s’est fait répondre par le jeune poète Germain Beaulieu. Et, lorsque le cher abbé insistera, Beaulieu n’en démordra pas. On s’en tiendra par la suite à la version française originale.

Mais, cependant, peut-être qu’une version anglaise serait acceptable, celle de George Thomas Lanigan (1845-1886) ? L’historien Benjamin Sulte, qui connaît les qualités de traducteur de ce journaliste, le croit. Dans La Patrie (Montréal) du 3 septembre 1898, il y va de ces propos.

Il se nommait George T. Lanigan, était né à St-Charles de la rivière Chambly le 10 décembre 1846 [il semblerait que ce soit plutôt 1845], d’un père irlandais instruit et intelligent, et d’une mère cousine germaine de Daniel Webster. La mère et l’enfant avaient la figure et la tête de Webster — c’était frappant.

Vers 1853, la famille s’établit aux Trois-Rivières, et le petit George fréquenta une espèce d’école où j’étais allé moi-même on ne sait pourquoi. George se forma seul. […]

La prodigieuse facilité de plume de Lanigan et sa conception de la langue française le rendaient absolument maître des deux langues parlées en Canada. Dès 1866, dans la «Revue Canadienne», il publiait des études sur la poésie anglaise qui sont de vrais bijoux de réflexions enchâssés dans un français irréprochable.

C’est alors qu’il se décida à gagner sa vie autrement qu’avec son talent et il devint télégraphiste, mais, au bout d’un an, le «World» de New-York et «Wilke’s spirit of the Times» le réclamèrent. Il partit pour New-York en 1867 et fut grassement payé pour les critiques des livres français qu’il livra à ces deux journaux durant huit ou neuf années.

Sa petite personne de cinq pieds deux pouces de hauteur et ses membres grêles nous avaient toujours inspiré la croyance qu’il ne vivrait pas vieux. De 1867 à 1874, il devint énorme, rond comme une boule et souffrant de cette obésité qui l’emporta à l’âge de trente ans. L’esprit, la bonne humeur, la bonté de ce garçon comptent parmi les plus chers souvenirs de mon existence.

[Antoine] Gérin-Lajoie [le compositeur de la chanson Un Canadien errant] m’a dit et répété que la traduction d’Un Canadien Errant par Lanigan est un tour de force. Vous allez en juger dans l’instant.

Suivez ces vers en chantant l’air de la chanson française :

 

«From Canada afar,

And banished from his home,

Weeping thro’ stranger lands,

Did a lone exile roam.

 

«Pensive and sad one day,

Down sittings by the sea,

Unto the hurrying tide,

Beside him thus spake he :

 

«Oh, if you see my land,

Unhappy in its lot,

Go, tell my friends from me

That I forget them not.

 

«Oh days so full of joy,

You all are clouded d’er.

Alas for my own land

That I shall see no more.

 

«Nay, even when I die,

Oh ! my dear Canada !

To you my faithfull eye

Shall its last homage pay.»

 

Il n’est guère probable que ce texte anglais devienne populaire en Canada, attendu que nous savons par cœur l’original, mais aux États-Unis on pourrait le chanter à ceux qui ne savent pas le français.

Benjamin Sulte.

 

La page-titre du recueil de Lanigan publié à Montréal en 1865 se trouve sur le site suivant. L’auteur signe sous le pseudonyme d’Allid.

On trouvera ici un texte très étrange sur Un Canadien errant, qui nous dit que l’auteur est vraiment dans le champ lorsqu’il présente la chanson ainsi. La situation des Patriotes québécois est complètement occultée. Pour l’auteur du texte, la chanson évoque des Patriotes de Toronto qui, en 1837, ont fui aux États-Unis !

 

Contribution à une histoire de la chanson Un Canadien errant rendant hommage aux Patriotes exilés.

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