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Une pièce d’archives dans l’histoire des vols en ballon

ballon aout 1783

Nous voici au 18e siècle au tout début de l’histoire des envolées de ballon. Le 17 août 1893, sous le titre «Histoire des ballons. Un document inédit», Le Canada français, l’hebdomadaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, est sans doute fier de proposer ce document historique.

M. L. Dupont, professeur d’histoire au lycée de Rouen, a entrepris des recherches aux Archives de la Seine Inférieure sur l’administration provinciale au dix-huitième siècle. En dépouillant une correspondance administrative traitant du prix des grains et des subsistances, M. Dupont a trouvé des pièces relatives aux premières ascensions aérostatiques et notamment une lettre donnant le récit de l’expérience faite au Champ de Mars à Paris, du lancement du premier ballon à gaz non monté. Nous reproduisons ce document inédit :

Extrait d’une lettre de M. Lemarié, subdélégué de Magny-en-Vexin, en congé à Passy, près Paris, adressée à M. de Crosne, intendant de Rouen. (Reproduction avec l’orthographe de l’original).

29 août 1783.

«Vos savants, Monsieur, qui ont en vain essayé de soumettre à leurs calculs les productions de la terre, semblent abandonner cette terre ingrate et rebelle pour porter en l’air leurs doctes spéculations. Gard ! que leurs idées ne se perdent dans les nues, ainsi que leur ballons volants !

«Nous avons été témoins mercredi dernier de la fameuse expérience de MM. de Montgolfier exécuté par MM. Robert au Champ de Mars. Le ballon de 12 pieds de diamètre, rempli d’air inflammable, s’est élevé en deux ou trois minutes jusqu’à la hauteur d’un gros nuage, qui l’a dérobé à notre vue.

«Les uns l’envoyaient en Suède, d’autres en Norvège, d’autres en Russie, d’autres dans la nouvelle isle sortie du sein des eaux…. il est tombé tout bonnement à Gonesse, sur le four d’un boulanger… Serait-ce l’air inflammable du four qui aurait attiré l’air inflammable du ballon ? Beau sujet de méditations, de raisonnements, de disputes scientifiques !

«Au fait, Monsieur, je vote de toute mon âme pour le succès de la nouvelle invention. Une voiture aérienne serait bien commode et bien douce. Point d’ornières dangereuses, point de cahos [sic] fâcheux, point de secousses perfides.

«Moi, qui de Passy, ne puis rouler jusqu’à Paris, à cause du pavé, j’irais toujours courant par les airs, tantôt vers Othaïti, comme le chevalier Ok, tantôt vers la Chine comme Rolland, tantôt vers la Lune comme Astolphe…. et le plus souvent vers les lieux honorés de votre présence comme le plus dévoué de vos serviteurs.

«Au reste, Monsieur, je n’attendrai pas la commodité d’un ballon volant pour retourner à Magny. Je compte m’y rendre cahin-caha par la même voiture qui m’a amené ici dans dix ou douze jours…»

Cette lettre, on a pu le voir, est très intéressante et rédigée avec esprit. Le signataire, M. Lemarié, était subdélégué à Magny, de M. de Crosne, intendant de Rouen, auquel il écrivait. Il se trouvait en congé à Passy, près [de] Paris, au moment de l’expérience du Champ de Mars.

G. T.

 

Le ballon ci-haut de Jacques Charles et des frères Robert en 1783 apparaît sur la page Wikipédia consacrée au ballon à gaz. À noter que ce ballon n’est pas celui qui a servi car on y voit des personnes à son bord; il servira dans les semaines qui suivent.

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