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«De l’origine de la vie sur le globe»

fossile

On en a fait du chemin depuis un peu plus de 100 ans dans la réflexion sur les débuts de la vie sur Terre. L’auteur ici fait commencer la vie il y a environ 15 millions d’années, alors que nous en sommes aujourd’hui à un milliard. Voici ce qu’il pense, ce marquis de Nadaillac à l’été de 1893. Extraits de Cosmos, numéro du 24 juin, affirme l’hebdomadaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, Le Canada français.

C’est dans les mers suffisamment refroidies, d’où émergèrent ces îles primitives, ces premiers continents, et plus tard ces terres émergées elles-mêmes que se sont produites les premières manifestations de la vie. Les fossiles, dont les géologues ont constaté et constatent tous les jours la présence, me laissent aucun doute à cet égard. […]

Les supputations des géologues sur ces données combinées avec celle des astronomes sur les durées nécessaires à la condensation de la nébuleuse solaire et à la solidification de la superficie terrestre permettent de «fixer à une date comprise entre dix et quinze millions d’années, la première apparition de la vie sur le globe».

D’humbles algues, varechs, fucus, dans le règne végétal; dans le règne animal, des foraminifères, des polypes, des échinodermes, des mollusques, des trilobites, toutes espèces essentiellement marines, sont, dans le silurien et le dévonien, les premiers êtres organisés, les premiers représentants de la vie. […]

De nombreuses espèces de poissons, les premiers batraciens, font leur apparition; et, quand, à la série des formations primaires, succèdent les premières assises de l’étage secondaire, ce sont les énormes reptiliens, ichthyosaures, labyrinthodontes, plésiosaures, crocodiles, auxquels succéderont, aux âges tertiaires, des mammifères non moins gigantesques, tandis que, d’âge en âge également, la végétation se transforme en évoluant vers des types de plus en plus parfaites.

Mais les formes de la vie sont innombrables. Parallèlement aux espèces remarquables par leurs vastes dimensions ou leur éclat, d’autres se développent dans la série des infiniment petits, qui suppléent par l’immensité de leurs multitudes à leurs infinitésimales proportions. […]

Autrement dit, la vie a surgi sur le globe aussitôt qu’elle y a trouvé ses conditions d’existence; depuis, elle n’a cessé de s’y développer, et, considérée dans l’ensemble de ses manifestations, d’y progresser, jusqu’à l’apparition de l’homme, qui en a été le couronnement.

 

Mais comment de Nadaillac s’en sortira-t-il pour expliquer justement l’apparition de l’homme ? Celui qu’on présente comme un paléontologue et anthropologue français s’appuie alors sur Ernst Haeckel (1834-1919), biologiste et philosophe allemand.

«Les monères primitives sont nées par génération spontanée dans la mer, comme les cristaux naissent dans les eaux-mères.» Voilà l’affirmation. Mais sur quoi son auteur, Haeckel, le fameux professeur d’Iéna, la fait-il reposer ? […] il est acquis à la science que la vie ne naît et ne peut naître que de la vie, que tout être vivant provient soit d’un autre vivant, soit d’un germe produit lui-même par un être vivant.

Pour se tirer d’embarras, notre savant quitte le domaine des sciences physiques pour entrer à pleine voie dans la métaphysique, une métaphysique à lui, cela va sans dire. Après l’affirmation énoncée plus haut, il ajoute :

«Il n’existe point, en effet, d’autre alternative pour expliquer l’origine de la vie. Qui ne croit pas à la génération spontanée admet le miracle.»

Et voilà le grand mot lâché ! Si l’on n’admet pas la génération spontanée, il faut admettre le miracle, c’est-à-dire une intervention divine. […] Il faut donc en convenir : la science, la science physique, la science des faits matériels est absolument impuissante à expliquer le comment de l’origine de la vie. […] Étant par nature d’un autre ordre que la matière pure, elle ne peut résulter du seul jeu des forces matérielles et nécessite une création spéciale. L’origine de la vie est donc en Dieu lui-même.

Le Canada français (Saint-Jean-sur-Richelieu), 17 août 1893.

 

Né Jean-François-Albert du Pouget, on dit de de Nadaillac, sur la page Wikipédia qu’on lui consacre : Profondément catholique, il s’intéressa aux rapports entre la science et la foi.

L’illustration est extraite du livre de Louis Cousin-Despréaux, Les leçons de la nature présentées à l’esprit et au cœur, Tours, Alfred Mame et Fils, 1885.

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