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La famille du Patriote Chevalier de Lorimier peine

henriette cadieux

Le 15 février 1839, douze Patriotes de la rébellion de 1837-1838 furent pendus à Montréal, à la prison du Pied-du-Courant. Parmi eux, l’un des plus connus jusqu’à ce jour, François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier laisse son épouse, deux filles et un garçon.

Quarante-quatre ans plus tard, le docteur L. A. Fortier rend visite à la famille de Lorimier à L’Assomption, «à une vingtaine de milles de Montréal», et constate l’état de dénuement. Le Franco-Canadien, journal de Saint-Jean-sur-Richelieu, rapporte la nouvelle le 7 avril 1883 et reprend la lettre du médecin.

La famille de Chevalier de Lorimier est locataire, c’est vous dire qu’elle ne possède pas un pouce de terre dans la Puissance du Canada. La modestie du logis, la simplicité de l’ameublement me disent que l’économie la plus attentive doit présider aux opérations d’un ménage sans appui, sans protecteur. Le poêle qui, par un froid de 18 à 20 degrés au-dessous de zéro, faisait entendre les pleurs d’un bois qui consentait difficilement à se dégeler, m’informa que la gêne, l’embarras et les soucis sont les hôtes de cette famille, encore dans les chaînes de l’adversité.

L’ordre et la propreté recherchés qui règnent dans cette habitation dérobent aux regards du vulgaire la foule d’inquiétudes qui s’y donnent rendez-vous. Madame de Lorimier et ses deux demoiselles cachent à l’observateur étranger les détails de leur existence intime. Au risque de commettre une indiscrétion, bien pardonnable du reste, je dirai que la famille d’un grand patriote est aux prises avec les premières nécessités de la vie. On se le dit même, tout bas à l’oreille, dans le beau village qu’elle habite.

Pendant la belle saison, des personnes croient voir errer des ombres durant la nuit autour de cette famille entourée de respect; quelques-unes même ont cru reconnaître que cette pauvre famille profitait des ténèbres de la nuit pour faire à même la rivière l’Assomption la provision d’eau nécessaire à certains besoins domestiques !!! Il est évident que la famille du noble de Lorimier fait l’impossible pour cacher au public les rudes combats de la vie qu’elle soutient contre l’implacable nécessité.

Rien d’étonnant.

N’est-ce pas la pensée du complet dénuement dans lequel le noble martyr laissait sa famille qui remplit d’amertume les derniers jours de sa vie ? «Mon sacrifice est fait, disait-il à son ami, compagnon d’infortune, M. F. X, Prieur, et j’ai l’espoir d’aller voir mon Dieu : une seule chose assombrit mes derniers moments, c’est la pensée du dénuement de ma femme et de mes enfants; mais je les confie à la Divine Providence. […]

Il y a de cela 44 ans passés !!!

Et Madame de Lorimier est restée veuve et fidèle à la mémoire de son illustre époux; sans appui, sans protecteur, elle a élevé ses pauvres chers petits enfants, à l’exception d’un petit garçon mort peu de temps après le supplice de son père. […]

Magnanime dans l’infortune, cette famille n’a jamais fait entendre une plainte, n’a jamais sollicité une faveur, pas même fait la moindre demande !

Madame de Lorimier arrive à 70 ans, à cet âge l’énergie s’émousse, le courage subit de terribles atteintes et l’espérance nous abandonne; à cette période de l’existence, le cortège des infirmités humaines jette l’effroi et la terreur dans l’âme, et nous fait désirer la mort. Ses deux filles sont arrivées à l’âge mûr, pleines de sollicitude pour leur bonne vieille mère, livrées tout entières aux soucis des besoins domestiques et jettent un égard d’inquiétude dans l’avenir sombre et menaçant. La maladie, la cruelle malade, sans égard pour l’adversité, poursuit depuis quelques années ces deux filles dévouées.

Voilà la position peu enviable d’une famille mutilée par la tyrannie britannique !

 

L’illustration est la page couverture du livre de Yolande Gingras consacré à Henriette Cadieux, l’épouse de Chevalier de Lorimier. On peut se procurer cet ouvrage publié en 2010 aux Éditions Point du Jour en librairie au coût de 28$. L’Hebdo Rive Nord.com dit qu’on peut aussi commander l’ouvrage à l’auteure par courriel et lui faire parvenir un chèque de 28$, plus 5$ pour les frais de poste.

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