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La glace, arrivera-t-on enfin à en venir à bout ?

embacleBien que le pont de glace soit apprécié, il y a de ces hivers, à la fin de mars, où on commence à s’impatienter. Celui de 1904-1905, bien froid, en est un.

Le 31 mars, le quotidien La Patrie se demande «À quand la débâcle ?» «Les traverses de St-Lambert et Laprairie sont maintenant couvertes d’eau, et aucune voiture n’y passe depuis hier matin.» Un certain McLean, de la Commission du port de Montréal, fait valoir qu’à Sorel [en aval], la glace s’est mise en mouvement pour de bon la nuit dernière et prédit que la grande débâcle aura lieu le 10 avril. «Certainement, car Sorel est la clef de la situation pour Montréal. De temps immémorial, la débâcle s’est produite dix jours après Sorel.»

Le 3 avril, La Patrie titre «La glace bouge», ajoutant qu’une foule de citoyens surveillent le fleuve depuis les quais et les murs de revêtement. «Les deux rives sont encore assez solides, mais la glace se soulève et se brise légèrement sous la poussée de l’eau.»

Le lendemain, le quotidien est certain que c’est pour bientôt. «Les connaisseurs prédisent que le pont de glace vis-à-vis l’île des Sœurs va s’ébranler avant la soirée.»

Le 10 avril se passe et rien n’y fait, le fleuve tient à ses glaces.

Le 18 avril, misère de misère. «Décidément, tous les éléments se sont coalisés pour retarder le jour de la grande débâcle. Les prédictions les plus optimistes tombent devant le fait brutal que la descente complète des glaces ne peut se produire tant et aussi longtemps que le froid persistera à sévir. Depuis ce matin, personne ne se promène sur les murs de revêtement, la population étant sans doute fatiguée de surveiller l’entrée, dans notre port, du premier navire de la saison.»

Le Vendredi saint, 21 avril, à 9 heures du soir, le journaliste de La Patrie rejoint le maître du port, le capitaine Bourassa.

— Avez-vous des nouvelles, capitaine ?

— Pas d’énormes, car je ne suis pas allé à mon bureau aujourd’hui. […] Mes renseignements ne sont pas très complets naturellement, mais je peux tout de même vous dire, si cela peut vous intéresser, que le fleuve est complètement libre d’ici à Sorel.

— Vous ne connaissez rien de l’état du fleuve de Sorel à Québec ?

— Rien de très précis, car, je vous le répète, je ne suis pas allé à mon bureau aujourd’hui.

Finalement, le samedi 20 avril, nous y serions «Enfin, la grande débâcle semble se produire pour de bon cette fois, entre Hochelaga et la Pointe-aux-Trembles […] Depuis ce matin, la glace s’ébranle vis-à-vis de Maisonneuve et la population a l’assurance, cette fois, que la débâcle complète est imminente

Et le lundi de Pâques, à la une, on exulte. «La navigation fluviale s’est pratiquement ouverte, samedi matin, et, hier, sont arrivés les premiers vaisseaux de la compagnie Richelieu et Ontario. L’activité renaît dans le port, et le quai Victoria se couvre déjà de marchandises pour les villes et les localités de la vallée du Saint-Laurent. Des vaisseaux océaniques sont attendus ces jours-ci.»

 

L’illustration de l’embâcle devant Montréal le 21 avril 1876 est parue dans le Canadian Illustrated News huit jours plus tard. On la retrouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationale du Québec à l’adresse suivante.

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