«Plaisir d’hiver»
En Suède, en Norwège et au Danemark, on a tous les deux ans, dans l’une des capitales de ces trois royaumes, les «Jeux du Nord», comme les Grecs avaient, dans l’antiquité, les jeux Olympiques, tous les quatre ans, au bord de l’Alphée.
Cette année, les sportsmen danois, norwégiens et suédois se sont réunis à Stockholm et il y a eu des courses à voiles sur patins, des courses de yacht sur la glace, du patinage en vitesse, des concours de patinage à figures, des courses de skis, des excursions en traîneaux, etc.
Les Canadiens ont, eux aussi, leurs jeux du nord, dont les préférés sont la marche en raquette, le patinage et la glissade en traîne sauvage.
À Montréal, nous sommes favorisés d’une glissoire naturelle qu’on trouve au pied de la montagne, en face de l’avenue Mont-Royal, et, qui est très en vogue cet hiver parmi les amateurs.
Bientôt la neige, «la belle neige» comme disent les enthousiastes, va disparaître, et les traînes sauvages seront remisées pour une dizaine de mois. Aussi profite-t-on des derniers jours de grâce que nous laisse le bonhomme hiver.
Certes, la glissade en traîne sauvage n’est pas sans charmes pour la jeunesse, et la glissoire populaire de la montagne est un endroit où se font bien des connaissances, où se nouent des intrigues et où s’échangent maints petits romans d’amour qui ont leur dénouement après Pâques, quelquefois encore avant le carême.
La glissade est, en outre, un excellent exercice hygiénique. Le vent a beau souffler, le froid a beau piquer et la neige tourbillonner, les glisseurs ne s’en aperçoivent guère.
Emmitouflés ou non dans la fourrure, les ascensions répétées qu’ils sont obligés de faire avec leurs traînes à la remorque réchauffent vite les plus frileux.
La Patrie (Montréal), 11 mars 1905.
L’illustration provient de L’Album universel (Montréal) du 31 janvier 1903. On la retrouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Toboggans»