L’éloge du cheval
Sur ce site interactif, je n’hésite jamais à parler du chat, du chien, du cheval et qui encore, ces bêtes qui nous accompagnent depuis bien longtemps. Et, intellectuels ou non, les humains aiment entendre parler de ces bêtes.
Il y a quelques semaines, un journal français rapportait que le New York Times, journal sérieux s’il en est, avait décidé de cesser de parler du chien et du chat dans ses colonnes, sujets sans doute trop banals. Mais, par respect pour son lectorat, le quotidien américain a d’abord mené un sondage, qui lui a appris que 72% de ses lecteurs espéraient qu’on continue de parler de ces animaux domestiques lorsqu’un sujet s’y prêtait.
Le 9 mars 1894, voilà que Le Trifluvien, de Trois-Rivières, nous propose un éloge du chien par Paulin Teulières. Nous avions déjà attrapé au vol ce billet publié dans La Tribune du 25 octobre 1889. Aussi, nous ne le répétons pas, bien sûr. Et pourquoi ne pas retourner alors à Teulières lui-même, et l’entendre, en 1850, parler du cheval cette fois-ci ?
Le Cheval réunit trois qualités qui semblent s’exclure : la force, la grâce et la vitesse. Les conditions que chacune de ces qualités exige se trouvent harmonieusement balancées dans ce Pachyderme, qui est devenu la plus noble conquête de l’homme.
Le Cheval est très sociable et son instinct est assez élevé. Dans sa taille, comme dans tous les détails de ses formes, la puissance musculaire a reçu tout ce qui était compatible avec l’élégance et avec l’agilité. Son port est majestueux, soit que dans sa démarche assurée, il dresse fièrement sa tête, soit que dans sa course rapide, il fasse onduler au vent son épaisse crinière et sa longue queue. Son oreille est mobile et, dans ses mouvements, elle exprime toutes les impressions de l’animal. Son œil est magnifique.
Le Cheval a, pour patrie, les steppes de l’Asie centrale. Mais, dès la plus haute antiquité, il est entré dans la vie domestique et les Européens l’ont même transporté en Amérique, où il a repris l’état sauvage, surtout dans les pampas de Buénos-Ayres. Chez tous les peuples civilisés, le Cheval est une des premières richesses. Il y présente des variétés innombrables, qui sont assorties à des fonctions différentes. Sa robe naturelle est de couleur isabelle.
C’est encore la vestiture qui signale le Cheval primitif de l’Asie. Mais, en Amérique, quoique redevenu sauvage, le Cheval est bai-foncé. Et cette différence de coloration s’explique par la différence même du climat. La coloration est un caractère extérieur que les moindres circonstances peuvent modifier. Mais les formes générales restent les mêmes dans l’individu sauvage, soit de l’Asie, soit de l’Amérique.
Toutefois, nous devons remarquer que la domesticité a réduit l’oreille du Cheval, tandis qu’elle a allongé celle de l’Ane. Naturellement, l’Ane a l’oreille plus longue que le Cheval; mais, sous l’action séculaire de l’homme, l’oreille du Cheval s’est réduite et celle de l’Ane s’est amplifiée. De telle sorte que, sous ce rapport, ces deux Équiens diffèrent beaucoup plus à l’état domestique qu’à l’état sauvage.
Quoique le Cheval se tienne de préférence dans les pays chauds ou du moins tempérés, on comprend que, s’il s’avance dans des climats rigoureux, son tégument devient laineux et frisé. Tel est le Cheval de Norwège, qui est en effet couvert d’une toison.