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Vers une chasse plus permissive sur le lac Saint-Pierre ?

la grande chasseresse josephine drouin

 

En mars 1884, des résidents du comté de Richelieu, en bordure du lac Saint-Pierre, demandent à l’Assemblée législative du Québec, au nom des riverains, la libéralisation de la chasse au printemps. Extraits de leur requête.

Que, sur les bords du «Lac St-Pierre» et dans les environs, tant au Nord qu’au Sud des comtés de Berthier, Maskinongé, St-Maurice, Nicolet, Yamaska et Richelieu surtout, il y a un grand nombre de familles dont la chasse au gibier d’eau, le printemps et l’automne, est le principal moyen de subsistance;

Que la crue des eaux, le printemps, et leur séjour souvent prolongé sur les terrains appartenant à ces familles, ne leur permettent le plus souvent d’ensemencer qu’une bien faible partie;

Que le produit de la chasse, au printemps, est, pour la plupart de ces familles, le seul moyen qu’elles aient de se procurer les grains nécessaires pour ensemencer leurs terres, quand la chose est praticable;

Que la défense faite par la loi du 27 mai 1882, chap. 12 des Statuts de cette province, de chasser, prendre ou tuer : «Aucun Cygne sauvage, Oie sauvage, Outarde, Canard sauvage d’aucune espèce, Macreuse ou Sarcelle, entre le quinzième jour d’avril et le premier jour de septembre de chaque année» équivaut, pour ces familles, à une prohibition absolue de chasser le printemps, ou à l’ouverture de la navigation;

Que, très souvent, la chasse de ces oiseaux de passage ne devient possible qu’au commencement de Mai, voire même entre le dix ou le vingt de ce mois;

Que la ponte de ces oiseaux de passage n’a également lieu qu’après la mi-Mai, et qu’il n’y a à cette règle que de bien rares et insignifiantes exceptions;

Qu’après avoir mûrement réfléchi et s’être concertés entre eux, vos requérants, tous habitants des lieux que cette chasse intéresse plus particulièrement et y ayant, comme propriétaires, des droits que n’ont pas les étrangers, s’accordent généralement à dire que, dans le but de concilier tous les intérêts et sans, pour cela, nuire à la protection raisonnable due au gibier, la dernière loi devrait être amendée de la manière suivante, savoir :

«Que l’ouverture de la chasse quant aux espèces de gibiers suivants : le Cygne sauvage, l’Oie sauvage, l’Outarde, le Canard sauvage de toute espèce, la Macreuse ou Sarcelle, aura lieu le premier de septembre, pour se clore et terminer le premier jour de mai suivant.»

Qu’en légiférant en ce sens le Parlement éviterait une foule d’abus regrettables;

Et vos requérants exposent en outre que, dans leur avantage, il est désirable qu’ils puissent, comme par le passé, continuer à se servir de leurres, appâts et plans pour attirer le gibier et rendre cette chasse profitable pour la plupart d’entre eux et des nombreuses familles qui en font leur principale occupation, et en découlent leur principal moyen de subsistance.

 

Le Sorelois, 28 mars 1884.

Si cette requête connaît un dénouement dans la presse, nous y reviendrons, bien sûr. Chose certaine, «Arthur», le chroniqueur du Sorelois au parlement de Québec, n’évoque aucune suite à cette requête dans ses textes d’avril et mai 1884.

Ci-haut la couverture du livre de Florentine Morvan Maher, qui habita Saint-François-du-Lac sur la rive sud du lac Saint-Pierre. On y voit, carabine à la main, son amie Joséphine Drouin, de retour d’une chasse à proximité. L’ouvrage de Florentine, publié aux Éditions Domino en 1980, est un document ethnologique très riche sur la vie d’autrefois, en particulier près du grand lac. S’il vous est donné de le trouver, mettez la main dessus.

Contribution à une histoire de la vie de relations autour du lac Saint-Pierre.

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