Un papillon, magnifique, me regarde
Immobile. Durant de longs moments. Sans envie de s’envoler. Que perçoit-il ? Est-il aussi intrigué devant moi que je le suis devant lui ? Qu’est-ce donc qui le retient ? Pourquoi me regarde-t-il ainsi ? De l’information nouvelle s’ajoute-t-elle à celle qu’il connaissait déjà ?
Le grand entomologiste Jean-Henri Fabre (1823-1915), dans un article sur l’instinct et le discernement, affirme qu’il est absolument certain que l’instinct est premier et capital chez l’animal, sinon la descendance serait impossible. «Telle elle était pour une espèce déterminée, telle elle est aujourd’hui et telle elle restera, caractère zoologique peut-être le plus fixe de tous.»
Toutefois, il nous serait tout à fait impossible de ne vivre qu’avec l’instinct. «L’instinct pur, écrit Fabre, s’il était seul, laisserait l’insecte désarmé dans le perpétuel conflit des circonstances.»
L’insecte comme l’humain doit pouvoir composer avec les circonstances. «L’imprévu surgit de partout.» «En cette mêlée confuse, un guide est nécessaire pour rechercher, accepter, refuser, choisir, préférer ceci, ne faire cas de cela, tirer enfin parti de ce que l’occasion peut offrir d’utilisable.»
Tout de suite, on constate qu’insectes ou humains, les êtres ne traversent pas une même vie, une vie identique à celle du voisin, de la voisine. Les destins divergent selon ce qui se présente d’extérieur à soi, et nous défie.
Ce magnifique Satyre perlé, qui met tant de temps à m’observer, au point de me faire poser des questions sur moi-même, ajoute-t-il à sa vie en ce moment ?
Je prends tellement plaisir à sa présence attardée. J’aime beaucoup le savoir là, déstabilisant.
Un privilège accordé!
Bien chanceux, fus-je !