J’ai hâte !
Diables et diablesses, je crains fort que demain, le 7 avril, dimanche de la Quasimodo, vous n’ayez pas encore fait vos Pâques, que vous ne soyez pas allé vous confesser et communier en temps pascal. Voici que la dernière occasion vous est offerte à L’Islet-sur-Mer pour accomplir ce devoir religieux. Histoire de repartir à zéro. Venez faire vos Pâques de renard, expression apportée par les nôtres traversés ici depuis la Normandie et la Bretagne. Sinon, dès le lendemain, le temps pascal terminé, vous risquez de courir le loup-garou. Ce n’est plus renard que vous serez, mais loup-garou.
Courir le loup-garou ne vous dit rien ? Alors, je vous renvoie à mon ouvrage Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent :
Vieille superstition européenne répandue dans la vallée du Saint-Laurent, le loup-garou est une personne condamnée par le diable à prendre la forme d’un animal effrayant, couvert de longs poils et aux yeux flamboyants comme des tisons. Il passe ses nuits à errer de-ci, de-là, dans les champs et les bois. On raconte que les chiens lancés à la poursuite d’un loup-garou reviennent rapidement à leur point de départ en proie à une terreur profonde. En présence d’un loup-garou, il faut, dit-on, d’abord se signer dévotement, tenter de tracer sur le front de la bête un grand signe de croix et chercher à lui tirer une goute de sang. Ce n’est qu’au prix d’une telle audace que l’on peut libérer un malheureux de son châtiment. Et encore faut-il se garder de parler de cet incident à qui que ce soit, car on risquerait à ce moment un mauvais sort.
Vous vous voyez ? Quel karma ! Quel enfermement !
Trève d’agacement à votre égard, pourquoi ne prenez-vous pas la route en ce beau jour de printemps ? L’Islet-sur-Mer est l’un de ces magnifiques pays de la Côte-du-Sud, exactement à mi-chemin entre Québec et Rivière-du-Loup. Nous nous retrouvons à l’église Notre-Dame-de-Bonsecours dès 14 heures pour échanger sur les saisons, mettre du bois dans le poêle.
Et madame Hélène Saint-Pierre, l’organisatrice pour la bibliothèque, me dit que la journée coïncidera avec l’arrivée des premières oies blanches, en petit nombre, qu’on appelle là-bas les éclaireures. Les vaillantes quoi, les ouvreuses de chemin.
Merci beaucoup, chère madame Saint-Pierre, et vous, madame Rachel Hogue, qui avez mis vos talents de graphiste à monter cette affiche qui me touche.