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Gare à vos trottoirs !

Dans la presse québécoise de 1900, le discours sur l’état des trottoirs à la ville, en hiver, est fort abondant. Il n’existe aucun service municipal d’entretien des trottoirs. Aussi espère-t-on que le citoyen s’en rendra responsable. Et voyez ce premier texte du quotidien montréalais L’Étendard du 10 décembre 1890. Que faire pour que tous et chacun soient satisfaits ? Est-on obligé ou non, par exemple, d’enlever la neige des trottoirs ?

Il existe depuis dix ans un règlement obligeant les propriétaires ou locataires à mettre de la cendre ou du bran de scie sur les trottoirs lorsqu’ils sont glissants, ou encore à hacher la glace. Cependant, il n’y a pas dix personnes sur cent qui ont observé ce règlement depuis la dernière bordée de neige.

Pourtant ces personnes s’exposent non seulement à être traduites devant le Recorder, mais encore à payer des dommages causés par les accidents qui pourraient arriver sur leurs trottoirs.

Nous répétons pour le bénéfice de nos lecteurs qu’on n’est pas obligé d’enlever toute la neige sur le trottoir, que le règlement permet d’en laisser six pouces d’épaisseur, pourvu que la surface soit plane et rendue sans danger par les moyens que nous mentionnons ci-dessus.

On est en train de faire de véritables casse-cou avec les trottoirs en face du Palais de Justice. On enlève toute la neige et le malheureux piéton qui s’aventure sur la pierre glissante du trottoir risque de faire une chute et de se casser quelque membre.

Partout où les trottoirs sont en pierre, en granit, etc., on devrait laisser assez de neige pour rendre ces trottoirs passables. Et l’on éviterait ainsi un grand nombre d’accidents.

 

Dix-sept jours plus tard, le 27 décembre, toujours dans L’Étendard, voilà encore le même sujet.

Dans mon jeune temps, j’ai connu une jeune fille très instruite. Elle avait gradué dans un certain couvent et je la considérais comme une grosse demoiselle qui parlait dans les termes.

Quand quelque chose allait de mal en pis, elle disait d’une voix musicale : «plus ça va, plus que c’est pire».

Cette expression me vient à l’idée, en voyant nos pauvres trottoirs. Depuis le commencement de l’hiver, il n’y a pas à le nier, il faut dire comme la grande demoiselle : plus ça va, plus que c’est pire.

En me rendant chez moi hier soir, j’ai été témoin d’une douzaine de chutes.

Triste position pour le piéton, dans notre bonne ville de Montréal. S’il passe sur le trottoir, il risque de se tordre le cou, et s’il s’aventure dans la rue, nos cochers peu attentifs lui passent sur le dos.

Je lisais ces jours derniers que les autorités voulaient sévir contre ceux qui ne suivent pas le règlement en ce qui concerne les trottoirs. Tant mieux. S’il y a une chose à laquelle je tienne, ce sont mes jambes, et je compte que les autorités civiques ne permettront pas que je m’en casse une, grâce à l’incurie de ses contribuables.

 

L’illustration provient des Archives nationales du Québec, Fonds Ayre, N-81-09-11. Une rue de Québec enneigée vers 1870. Mais où sont donc les trottoirs ? On imagine qu’avant même la fonte du printemps, il faut de nombreux travailleurs pour enlever toute cette neige, sinon voilà les maisons inondées.

Il faut remarquer le cheval en haut de la butte; la rue passante se trouve donc au-dessus de la butte. Lorsqu’on dit que Québec et sa région sont les endroits où il neige le plus au monde avec le Kamchatka, en Sibérie orientale…

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Sandrina #

    Cette photographie d’archive aussi est très impressionnante. Gare à la tête quand viendra le dégel ;) Quartier Saint-Jean-Baptiste – Rue D’Artigny – Résidence / Fred C. Würtele . – mars 1900
    – 1 photographie(s) : Négatif sur verre ; 11 X 17 cm

    http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/Anq_Afficher_image?p_page=1&p_anqsid=20121220095531356&P_cote=P546,D2,P22&P_codedepo=03Q&P_numunide=870713&p_hauteur=675&p_largeur=1008

    20 décembre 2012
  2. Jean Provencher #

    Ô merci infiniment de l’info, chère Vous ! Alors cette portions de la rue d’Artigny n’existe plus à cause de l’aménagement de la colline parlementaire à mon avis.

    20 décembre 2012

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