L’Ô Canada
Calixa Lavallée, violoniste, pianiste et compositeur de musique, naît à Verchères le 28 décembre 1842. Il gagne d’abord sa vie comme musicien aux États-Unis, entre autres à New York et Boston, et par la suite à Paris. En 1878, à l’âge donc de 36 ans, il revient au Québec et s’installe précisément à Québec. Il loue du musicien et organiste Ernest Gagnon la maison du 22, rue Couillard, dans le Vieux-Québec, aujourd’hui de biais avec le sympathique café Chez Temporel. Et Lavallée gagne sa vie comme organiste à l’église St. Patrick, rue MacMahon, tout près de chez lui.
En 1880, il habite toujours Québec. Et voilà que, la dernière semaine de juin, la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec organise la première grande convention nationale des Canadiens français. Pour la circonstance, tout le monde étant pressé par le temps, son propriétaire et ami Ernest Gagnon lui demande de composer un chant de ralliement sur le poème patriotique d’Adolphe-Basile Routhier Ô Canada. Et Lavallée accepte. Le soir du 24 juin, fête de la Saint-Jean, au grand banquet qui se tient au pavillon des Patineurs, près de la porte Saint-Louis, trois corps de musique sous la direction du chef d’orchestre Joseph Vézina jouent l’Ô Canada pour la première fois. Et tout de suite, c’est le succès. Rapidement, le chant est repris ailleurs au Québec, de même qu’au Canada anglais où une version anglaise est chantée dès 1901.
On dit que le 24 juin 1880 fut sans doute la journée la plus spectaculaire et la plus haute en couleurs de tout le 19e siècle au Québec. Un grand défilé formé de chars allégoriques fabriqués par les plus célèbres sculpteurs du temps, en particulier Jean-Baptiste Côté et Louis Jobin, parcourt les rues de Québec et plusieurs dizaines de milliers de Canadiens français venus de partout sur le continent sont présents.
Lavallée meurt jeune, à 49 ans, le 21 janvier 1891, à Boston, alors qu’il lui avait fallu encore une fois partir pour gagner sa vie. Le 1er juillet 1980, cent ans après sa création, l’Ô Canada devient l’hymne national du Canada.
Voir la biographie de Calixa Lavallée par Gilles Potvin dans le Dictionnaire biographique du Canada.
L’image coiffant cet article provient de La Bonne Chanson, dix albums qu’on appelait Cahiers, parus de 1938 à 1951, du musicologue Charles-Émile Gadbois (1906-1981). Elle apparaît dans la série de manuels Chantons, 1957, volume 8, faisant partie du programme officiel du cours secondaire, manuels approuvés par le Comité catholique du Conseil de l’Instruction publique.
Est-il vrai qu’avant cet hymne national, nos ancêtres avaient opté pour « À la claire fontaine »?
Je n’arrive pas, chère Éli, à trouver une référence certifiant que nos ancêtres avaient adopté comme hymne national le « À la claire fontaine ». Dans son ouvrage « Chansons populaires du Canada » (édition de 1880), le musicien et organiste Ernest Gagnon (1834-1915), ami de Calixa Lavallée, parle de ce chant, mais ne laisse jamais entendre qu’il aurait pu servir d’hymne national. Dans « Alouette ! Nouveau recueil de chansons populaires avec mélodies, choisies dans le répertoire du Musée national du Canada » (Montréal, Lumen, 1946), l’anthropologue et folkloriste Marius Barbeau (1883-1969) n’évoque jamais un hymne national venu de ce chant. Il écrit tout de même: « Cette chanson de métiers, dont les refrains varient avec les mélodies, est un des plus purs joyaux du répertoire populaire en France et au Canada. Arrivée au nouveau monde avec les colons du dix-septième siècle, elle les a escortés partout dans leurs aventures et dans leurs labeurs. De son rythme, elle les a aidés à bâtir leurs demeures, à repousser la forêt, à défricher la terre, à accomplir les multiples travaux de la grange, de la boutique et de la maison. »
Merci, cher ami, de toujours prendre le temps de me répondre. Vous allez être épuisé à tant chercher…
Mon prof de littérature nous avait parlé des Patriotes et de l’importance pour eux du chant « À la claire fontaine ». Toutefois, je n’ai jamais su si la vocation de ce chant dépassait le folklore ou …la légende.
Voici une anecdote qui n’est pas dénuée de signification culturelle et politique. Il y a quelque 25 ans, dans le magazine bilingue qu’une compagnie aérienne canadienne distribuait gratuitement à ses passagers lors des vols, un article sur l’Ô Canada présentait les paroles de l’hymne national. Le texte d’Adolphe-Basile Routhier était présenté comme la «traduction française» de l’hymne national du Canada. Malheureusement, je n’ai pas gardé de copie du magazine en question, ni de l’année.
Ça démontre une merveilleuse connaissance, cher Pierre, de ce que nous sommes, de ce qui se vit ici de ce côté de la frontière. C’est le ministre canadien du Patrimoine qui disait récemment ne pas connaître des gens comme Robert Lepage, Richard Desjardins et Fred Pellerin. Cher Canada !