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Départ du musicien Calixa Lavallée

Le 21 janvier 1891, le pianiste, compositeur et professeur de musique Calixa Lavallée (1842-1891) meurt à Boston à 49 ans. Le Monde illustré du 14 février 1891 lui rend hommage.

Nous sommes heureux de pouvoir offrir à nos lecteurs le portrait de notre artiste canadien, Calixa Lavallée, décédé il y a quinze jours. M. Lavallée a été enlevé à l’affection de sa famille et à l’estime de ses amis dans la force de l’âge. Quelques jours avant sa mort, M. Lavallée espérait vivre assez longtemps encore pour pouvoir terminer les œuvres auxquelles il travaillait avec ardeur depuis des années. Mais la Providence en avait disposé autrement; l’illustre artiste n’eut pas la consolation de voir son œuvre terminée, telle que son cœur le souhaitait.

Il a montré jusqu’au dernier moment le courage et l’énergie qui l’ont caractérisé durant sa vie, puisque, quelque temps avant sa mort, il se rendit pour jouer à un concert qu’on donnait à son bénéfice; mais ses forces le trahirent. Après avoir exécuté un morceau, il fut pris de faiblesse et dut retourner chez lui. Depuis ce temps, M. Lavallée a toujours affaibli malgré les soins dont on l’entourait, et enfin a succombé à la cruelle maladie qui le minait.

Son service a été chanté à la cathédrale de Boston, où il était maître de chapelle. La foule considérable qui encombrait l’église, la présence de l’archevêque Williams, l’émotion qui gagnait tous les cœurs ont prouvé jusqu’à quel degré ce grand musicien était aimé et apprécié de tous.

M. Lavallée naquit à Verchères, en 1842, et montra dès son jeune âge un talent hors ligne. Son père lui donna les premières notions de musique. À onze ans, il était organiste à la cathédrale de Saint-Hyacinthe.

Nous raconterons à ce sujet un fait qui prouve le talent précoce de cet enfant si bien doué de la nature et qui devait être plus tard un grand artiste. M. Barbarin, qui était maître de chapelle de Notre-Dame, vint à Saint-Hyacinthe à l’occasion d’une fête que l’on y célébrait. En arrivant, il se rendit à l’église où devait avoir lieu la répétition; il avait apporté la musique qu’il voulait faire chanter ce jour-là. Tout le monde était prêt. « Mais où donc est l’organiste ? » demande le révérend monsieur. Et on lui désigne l’enfant, que tout le monde cachait, tant il était petit. « Quoi, reprend M. Barbarin, ce petit bonhomme ne peut jouer la musique que j’ai apportée, elle est trop difficile ». « Si vous voulez le mettre à l’épreuve, dit un des assistants, je crois que l’enfant vous donnera satisfaction. » Alors le petit Calixa se mit à l’orgue et joua la partition sans interruption comme s’il l’eût sue par cœur. M. Barbarin, étonné, ravi, lui serra les mains avec effusion en disant : « Mon enfant, tu seras un jour un grand artiste » et le temps l’a prouvé.

À quinze ans, M. Lavallée faisait ses premières compositions parmi lesquelles plusieurs jolis morceaux qui, chez un enfant de cet âge, dénotaient un talent supérieur. Il est arrivé souvent au jeune Lavallée de se lever la nuit pour exécuter sur le piano ses inspirations. Comme son père lui disait de remettre au lendemain son travail : « Mais non, répondait-il, ces idées me passent par la tête, il faut que je les exécute sur le champ car demain il serait trop tard. D’ailleurs, je ne saurais dormir. »

Ainsi M. Lavallée, dès l’enfance, faisait prévoir ce qu’il serait un jour. Il avait l’amour de l’art. Il laisse des travaux considérables qui sans doute ne tarderont pas à être publiés et qui diront plus encore pour son éloge que ce qu’on a pu dire et écrire.

 

Ce portrait de Calixa Lavallée paraît dans Le Monde illustré du 14 février 1891. On le trouve à l’adresse suivante : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm, sous le descripteur «Lavallée, Calixa, 1842-1891».

Calixa Lavallée est l’auteur de la musique de l’Ô Canada composé pour la première grand convention nationale des Canadiens français à Québec en 1880, qui deviendra, cent ans plus tard, l’hymne national du Canada. Voir cet article à ce sujet. Lavallée habitait rue Couillard, à Québec, lorsqu’il composa l’Ô Canada.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Aya #

    Merci pour ces renseignement

    5 mai 2013
  2. Jean Provencher #

    Je vous en prie, merci à vous d’être là, chère Aya.

    5 mai 2013

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