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Paradise lost, de John Milton, à Québec !

Né à Londres en 1608, année de la fondation de la ville de Québec, John Milton (1608-1674) commence à écrire des poèmes au moment où il étudie à l’université Cambridge la religion, la philosophie naturelle et la littérature. Pierre Messiaen note que tous ses poèmes manifestent la double nature qu’il ne cessera de porter en lui, l’artiste sensuel issu de la Renaissance, le puritain moralisant et combatif. À compter de 1638, au cours d’un long voyage de 15 mois en Italie, Milton rencontre Galilée auquel il fait plusieurs fois allusion dans le Paradis perdu.

Dès ses années d’études, il rêve d’une grande œuvre qui lui assurerait l’immortalité. Lentement, se précise le projet d’un poème épique, plus grand encore que l’Énéide, de Virgile, qui lui servit de modèle. Son immense chantier portera sur la lutte éternelle entre Dieu et Satan. Impossible de résumer ici cette longue envolée, divisée en XII livres. Messiaen affirme que le livre IV est généralement regardé comme le plus beau du poème.

Satan arrive dans l’Éden. Devant l’harmonie du paysage printanier, des animaux fraternels entre eux, de l’homme et de la femme divinement splendides de jeunesse, d’intelligence, de dignité, d’amour aussi entier qu’ingénu, il s’émeut au point de regretter sa faute. […] Jamais Milton n’a écrit de vers plus tendres et plus éclatants, jamais il n’a composé de tableau plus enchanteur, qu’il s’agisse de la terre lumineuse, fleurie et innocente, de la nuit où veillent la lune et les étoiles, où chantent le rossignol et des anges invisibles, qu’il s’agisse de l’homme fier et dominateur, de la femme si gracieuse et modeste qu’à sa vue toutes choses se réjouissent. Nous avons là vraiment une vision de paradis terrestre, un équilibre de la sensualité et de la délicatesse.

En 1987, John Willis, mon collègue historien, et moi détenions un bien beau mandat, mener une étude sur Les modes de vie de la population de Place-Royale [à Québec] entre 1820 à 1859. Soixante-treize inventaires après décès nous servaient de matière de base. À l’époque, lorsque quelqu’un décédait, il était coutume qu’un notaire fasse l’inventaire de ses biens. Or, surgit rue Saint-Pierre le 2 septembre 1830, le notaire Errol B. Lindsay pour inventorier les biens d’un certain Robert White, pilote de la Maison de la Trinité, l’ancêtre de la Corporation des pilotes du Saint-Laurent. Nous n’apprenons à peu près rien à son sujet, sinon qu’on y trouve une table, un lit, quelques vêtements, un quadrant, deux pistolets, un contenant de poudre à fusil et des balles, ainsi que trois livres : la Bible, un manuel de géographie de J. Goldsmith et Paradise Lost de John Milton.

Quelles ne furent pas notre surprise et notre joie de retrouver à Québec, 200 ans après la sortie du livre, ce Paradise Lost de Milton ! Un grand bonheur soudain dans la quotidienneté de nos travaux ! Milton n’était pas mort.

Référence : John Milton (1608-1674), Paradis perdu, Introduction, traduction et notes de Pierre Messiaen, Collection bilingue des classiques étrangers, deux volumes, Paris, Aubier Montaigne, 1971.

Nos remerciements à David Labbé, libraire, pour le prêt gracieux de son ouvrage personnel.

L’ouvrage d’Hachette, coiffant cet article, ne contient que la version anglaise de Paradise lost.

 

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