Cher bruant chanteur
Vivant partout en Amérique du Nord, un de nos oiseaux migrateurs, dont le retour, au printemps, me réjouit grandement, est le bruant chanteur. Le plus fortement rayé de tous les bruants (Melospiza melodia, Song sparrow) se présente invariablement au début d’avril. On dit que les premiers arrivants dans un lieu sont de vieux mâles qui connaissent déjà la région. Chez moi, pendant une semaine, j’en compte bien une dizaine qui se répondent en écho, de place en place. On dirait qu’ils occupent tout le terrain de leur chant.
Bientôt, cependant, ils se font plus discrets; sans doute que le temps des amours qui vient les rend plus secrets. Mais, tout de même, à l’occasion, jusqu’à la troisième semaine d’octobre, l’un d’eux y va de sa ritournelle. Il peut s’approcher au pied des mangeoires pour y picorer quelques graines, mais jamais en groupe. Avec sa longue queue, il se reconnaît facilement parmi les autres bruants. Il va ça et là sa vie et je ne suis jamais arrivé à trouver son nid.
L’été, devant ma galerie, poussent des hémérocalles, qui fleurissent durant cinq semaines. Sitôt la floraison de ces Belles-d’un-jour terminée, j’évite d’enlever les hampes et les laisse sécher sur place. Je sais que ce bruant raffole de ces tiges dénudées. Très bientôt, le voici, aimant s’y percher. Et ce chanteur vient toujours, discrètement, en échappant un tout petit cri, comme de satisfaction, inaudible à celui qui n’y porte attention.
Nous n’avons pas de rossignols en Amérique. Et les premiers arrivants l’ont appelé Rossignol. Sans doute à cause de la beauté de son chant, bien davantage que de sa vêture. Et cette appellation vernaculaire lui restera, au moins jusqu’aux années 1950.
À l’occasion, on le remarque aussi en ville. Le 15 avril 1908, le journal Le Soleil se réjouit de sa présence soudaine à Québec. Enfin !, écrit-on. Ce matin, dans les grands arbres bordant l’avenue des Érables et le chemin Sainte-Foy, on a entendu le chant du rossignol. Est-ce bien le printemps cette fois ?
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