Skip to content

Une formidable pièce d’archives !

En 1888, coup de génie, l’Américain George Eastman lance sur le marché le premier appareil photographique pour grand public et à prix relativement modeste. Auparavant, il fallait obligatoirement s’en remettre aux grands photographes, propriétaires d’équipements coûteux et souvent encombrants.

Voilà que, désormais, la photographie est à la portée de tous. Touriste, où que vous allez, vous pouvez maintenant imaginer votre propre reportage photographique, épater les amis à votre retour et vous confectionner des albums de votre crû. Voilà une véritable révolution !

Eastman lance l’objet de sa conception sous la marque Kodak, terme qu’il crée pour la circonstance. Il cherchait un mot simple, frappant, prononçable dans toutes les langues. Le Kodak est un appareil portable à la main, très simple, chargé d’un rouleau de négatifs papier pour 100 vues. L’utilisateur doit le renvoyer au fabricant, à Rochester, dans l’État de New York, après avoir épuisé ses 100 vues, et récupère son appareil au retour, chargé d’un nouveau rouleau de négatifs et accompagné du tirage des photos précédentes. La compagnie Eastman y va du slogan publicitaire « You press the button, we do the rest [Vous appuyez sur le bouton, nous assurons la suite].

Or, voilà que, le 25 août 1894, le Quotidien de Lévis nous signale ce fait : Il y avait un grand nombre de personnes ce midi sur la Terrasse. La plupart étaient munies de Kodacks [sic] et prenaient des vues de Québec et de Lévis.

Imaginez, nous y sommes ici même, avec l’image incroyable qui coiffe cet article, chers amis. Elle fut peut-être prise par une de ces personnes, ce jour-là. À bien regarder, je crois même que le photographe était juché encore plus haut que la Terrasse Dufferin, soit sur l’esplanade de la Citadelle. Chose certaine, nous touchons ici au tout début de la photographie populaire.

Il faut que je vous raconte. Il y a quatre jours, j’avais prévu cet article d’aujourd’hui, mais comment l’illustrer, diable. Michel Roy, un de mes grands amis bouquinistes, me prévient à ce moment, sans même savoir que je cherchais une illustration, qu’il aurait peut-être quelque chose à mettre à ma disposition, mais il n’est pas certain que ce soit digne d’intérêt. J’accours. Il me présente alors deux petits albums, contenant quelque 80 photographies en sépia, dans lesquels apparaît cette vue de la ville de Lévis prise de Québec. J’exultais. Je touchais au tout début de la photographie populaire. Quel cadeau !

Je vous prie de revenir au fil des mois consulter ce site. Lorsque l’occasion s’y prêtera, j’échapperai de ces images du début des temps. Nous ignorons quel Anglophone est l’auteur de ces deux albums. Mais le personnage nous donne à voir quelques photographies de Québec. Touriste, il s’est rendu à La Malbaie, au Manoir Richelieu, a remonté le Saguenay, et s’arrêta à Chicoutimi. D’autres fois, le voilà à Montréal, aux chutes Niagara ou au mont Washington. Bien sûr, nous constatons les limites du premier appareil photographique populaire. Mais quelle joie pour qui sait lire ces premières réalisations !

Tenez, en voici une seconde. Une photographie de phares mis en place sur les rives du fleuve dans la région de Charlevoix.

Au sujet d’Eastman, voir sa biographie sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Eastman

Phares le long du Saint-Laurent

 

7 commentaires Publier un commentaire
  1. Yves #

    Et vous savez mon cher Jean que cette merveilleuse invention qu’ est la photographie changera profondement l’ art pictural au XIXème siècle!

    Le premier qui réussit à fixer une image sur un support ( plaque d’ étain ) fut Joseph Nicéphore Niépce en 1826 ou 1827, mais l’ invention de la photographie sera accordé à Louis Jacques Mandé Daguerre. Le daguerréotype permettait ainsi de fixer de facon permanente l’ image sur un support

    L’ arrivé de ce nouveau médium déstabilisera l’ Académie royale de peinture et de sculpture qui, jusque là , dictait les techniques, les règles ainsi que les th èmes des tableaux. Au mileu du XIXème siècle l’ invention du tube de peinture propulsa plusieurs peintres vers la peinture en plein air, loin des ateliers et conventions de l’ époque, ainsi naitra l’ art moderne, Une sorte d’ effet papillon.

    Bon dimanche et merci de nous nourrir si généreusement sur votre blog.

    28 août 2011
  2. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, cher Yves. On souhaiterait que vous soyez encore plus bavard à ce sujet. Je ne savais pas que, dès Daguerre, l’Académie royale de peinture et de sculpture se trouva déstabilisée et j’aime beaucoup cette invention du tube de peinture qui fit sortir les peintres de leurs ateliers. J’ignorais complètement. Et sans doute qu’une partie de cette production, faite au grand jour, apparaît dans le merveilleux Musée d’Orsay, ma foi ! Une visite obligée lorsqu’on se retrouve à Paris.

    28 août 2011

Trackbacks & Pingbacks

  1. Pourquoi ne pas encourager la vie de colon ? | Les Quatre Saisons
  2. Une Écossaise au Canada avec son Kodak | Les Quatre Saisons
  3. Kodak s’annonce | Les Quatre Saisons
  4. La protection de son image | Les Quatre Saisons
  5. Boudrault et Boulianne, des as de la navigation | Les Quatre Saisons

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS