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La protection de son image

alice roosevelt

Voici la belle Alice Roosevelt (1884-1980), fille du président américain Theodore Roosevelt. La page Wikipédia qu’on lui consacre dit qu’elle est rapidement «une figure mondaine très populaire de la capitale américaine grâce à sa beauté, son charme, ses critiques acerbes et surtout ses relations politiques».

La jeune dame ne déteste pas se faire photographier, mais depuis l’invention du premier appareil photographique pour grand public par George Eastman en 1888, on aime lui croquer le minois, sans sa permission bien sûr, partout où elle va. Et cela l’agace. Aussi aimerait-elle une véritable législation à ce sujet.

L’hebdo montréalais Le Bulletin, du 25 février 1906, lui donne raison.

Les ennuis que Mlle Roosevelt vient d’essuyer à New-York pour se défendre contre une foule de photographes, professionnels et amateurs, qui la relançaient partout afin de la mettre au point dans diverses postures qu’elle prenait, semblent avoir décidé les autorités à intervenir sans plus de délai.

Ainsi les citoyennes — la photographie s’attaque surtout aux demoiselles et aux jeunes dames — devront à la fille du Président d’être protégées contre les indiscrétions brutales des collectionneurs de portraits. Il fallait les aventures de la princière Alice, pour que leurs griefs fussent pris en considération et l’on parlera encore d’égalité démocratique chez nos voisins….

Un correspondant de la métropole américaine assure qu’il existe déjà, en vérité, une certaine loi de restriction; mais personne ne la connaît, excepté ceux et celles qui voulant faire de leurs portraits une marchandise payante, tiennent à en conserver la propriété.

L’été dernier, on a dû afficher dans les parcs publics et sur les plages fashionnables un avis prohibant l’usage du camera [sic] à la dérobée. […]

Le même mal se fait sentir à Chicago où l’on discute depuis quelque temps l’adoption d’une loi qui s’appellera «snap shot law» à l’effet d’empêcher ces abus de la photographie. À l’avenir, aucune personne n’aura le droit de prendre des instantanés sur la rue ou ailleurs, sans avoir obtenu au préalable l’autorisation des gens intéressés. C’est d’une pareille mesure qu’il est question à New-York, et vous verrez qu’avant longtemps on devra l’agiter à Montréal, car les collectionneurs ne manquent pas chez nous, et le mois d’avril arrivera à peine que vous les verrez à l’œuvre pour saisir les jolis minois. C’en sera bientôt fini des images que les amoureux enregistraient sur leur révélateur, pour s’aider probablement à les fixer un peu dans leur cœur.

Les journaux n’auront plus le privilège de vous photographier à votre insu, sur la rue Sainte-Catherine, et de vous offrir ensuite une indemnité d’un dollar, comme si c’était une compensation du profit que votre portrait leur a rapporté. […]

En passant cette loi, nos autorités peuvent souhaiter qu’elle ne soit jamais violée, car les jugements seront fort difficiles.

L’adoption d’une pareille mesure finira cependant pas s’imposer, et nous conseillons à ceux qui veulent compléter leur collection de se hâter.

 

La photographie ci-haut de celle surnommée «Princess Alice» fut prise par Frances Benjamin Johnston en 1903. Apparaissant sur la page Wikipédia consacrée à Alice Roosevelt Longworth, elle provient de la Division des imprimés et des photographies de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis.

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