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Boudrault et Boulianne, des as de la navigation

saguenay avec voilier

La nouvelle parvient de L’Écho de Charlevoix (Baie-Saint-Paul) du 17 mai 1900 et l’événement se passe à l’entrée du Saguenay, un puissant affluent du Saint-Laurent.

Pour donner plus d’efficacité au service de la justice sur la côte nord, M. A. H. Simard s’est procuré un shooner américain du nom de «George Clark», qui a la réputation d’avoir les jambes longues.

Le 2 mai, vers huit heures du soir, il lui a fait accomplir un prouesse qui mérite une mention.

Alors qu’il était dans les grandes mers, au plus fort du courant à l’entrée de la rivière Saguenay, par un vent debout complet, ce que les marins appellent un vent carré, il lui a fait sauter, en louvoyant, le fameux rapide qui se trouve un peu en amont de l’Islet-au-Mort et il a jeté l’ancre dans l’Anse à Catherine. Ce rapide court environ sept nœuds et demie à l’heure.

Le capitaine Daniel Boudrault a tenu la barre tout le temps et M. Gabriel Boulianne, ancien chasseur de marsouins, qui connaît son Saguenay sur le bout de ses doigts, pilotait.

Dans l’opinion de M. Boulianne, qui a toujours demeuré à l’entrée du Saguenay, cela n’a pas été réalisé par aucune des goélettes de la rivière.

* * *

Selon l’écrivain et journaliste Damase Potvin, Baie-Sainte-Catherine s’est d’abord appelée la «Grand’Catherine», une «baie en forme de demi-lune et bordée d’une grève de sable jaune», avec alors tout au fond «un petit hameau de quelques maisons bâties sur du sable mouvant». Le nom venait de Catherine Chamberland, «une sorte de virago, à carrure d’athlète, venue d’Angleterre, quelques années auparavant son séjour à Port-aux-Quilles».

«Elle était arrivée déguisée en homme, à bord d’un navire où elle servait en qualité de matelot. Cette hommasse était pourvue d’ailleurs d’une forte moustache qui lui aida singulièrement dans son déguisement. Elle se maria avec un nommé Foster. Elle tenait à la Baie-Sainte-Catherine une maison de pension et était la terreur des voyageurs. Mais sous sa rude enveloppe battait un excellent cœur.

«Une nuit d’hiver, trois voyageurs arrivent de Charlevoix en route pour Tadoussac [sur la rive opposée du Saguenay]. Ils frappent à la porte de la Grand’Catherine à qui ils demandent le couvert et le gîte. La femme les fit entrer, mais aussitôt relevant les manches de son mantelet :

«Ma bande de fainéants», cria-t-elle, asteur j’vas vous montrer à venir déranger les gens durant la nuit !…»

«Les voyageurs crurent se trouver en présence du diable déguisé en femme et s’empressèrent de sortir. Mais ils n’étaient pas sur le seuil de la porte que Catherine leur cria :

«Bande de poules mouillés !… voulez-vous bien rentrer ! Voyez-vous ces beaux braves, ça a peur d’une femme, d’une pauvre femme seule… Elle servit un excellent repas aux voyageurs qui se couchèrent ensuite dans ses meilleurs draps.»

 

On trouvera le texte de Damase Potvin dans La Revue moderne, juin 1937, «Au pays des montagnes, des lacs et des fjords».

L’image ci-haut provient d’un de ces deux albums que me prêtait mon bouquiniste Michel Roy et dont je vous parlais le 27 août 2011.

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